Typhaine : le réquisitoire des enquêteurs

La mère et le beau-père de Typhaine ont été très rapidement soupçonnés de la disparition de la fillette de 5 ans par les enquêteurs.
La mère et le beau-père de Typhaine ont été très rapidement soupçonnés de la disparition de la fillette de 5 ans par les enquêteurs. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec AFP , modifié à
"En 30 ans, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi retors", a assuré un policier au sujet de l’accusée.

La piste familiale privilégiée d’emblée. Lorsque la "disparition" de la fillette de cinq ans a été signalée, la mère et le beau-père de Typhaine ont été très rapidement soupçonnés par les enquêteurs. Et ceux-ci ont d'emblée "craint le pire", a témoigné mercredi un policier devant la cour d'assises du Nord. Anne-Sophie Faucheur, âgée de 26 ans, et son compagnon, Nicolas Willot, âgée de 27 ans, sont accusés du meurtre de Typhaine, morte en juin 2009 des suites des maltraitances présumées, un décès camouflé pendant six mois en pseudo disparition.

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"On sentait le mensonge".  "C'était une affaire particulière, par l'importance des moyens mis en œuvre pour retrouver l'enfant, par la médiatisation, par la personnalité des accusés", s'est souvenu à la barre un commandant de la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille.  Dès la première audition d'Anne-Sophie Faucheur, "on sentait le mensonge dans ses allégations. Elle ne se comportait pas comme une mère qui venait de perdre un enfant de 5 ans dans les rues de Maubeuge", a-t-il raconté.

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Des incohérences. Le scénario de la disparition imaginé par le couple comportait en outre des incohérences qui ont mis la puce à l'oreille des enquêteurs. Ceux-ci ont notamment compris par leur enquête de voisinage que "Typhaine était une enfant fantôme".  Autre élément à charge : le faux témoignage demandé par Nicolas Willot, au téléphone, à son propre père. 

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Une tristesse de façade. L'"image du couple éploré, démoli", qui fait appel lors d'une conférence de presse fin juin à la France entière pour retrouver Typhaine, mais qui chez lui "fréquente de manière assidue des sites pornographiques", a rendu "très séduisante la piste familiale", a souligné le policier. Toutefois, compte-tenu de la "pression médiatique pesante", la piste de l'enlèvement a néanmoins continué à être explorée : 200 à 300 noms de pédophiles ont été alors extraits de fichiers et 80 d'entre eux ont été interpellés. Sans succès.

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L’erreur décisive. Mais, le 22 septembre 2009, un texto d'Anne-Sophie Faucheur après son audition par un juge d'instruction, dans lequel elle précise à Nicolas Willot le contenu du dernier repas de Typhaine le jour de sa supposée disparition, a achevé de convaincre les enquêteurs. Non sans incrédulité. "Je suis policier depuis près de 30 ans, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi retors", a assuré à la barre un policier. Avant d’insister : "J'ai rarement vu quelqu'un pouvant mentir effrontément, pouvant manipuler des policiers, des magistrats, des élus".

Les aveux. Placée en garde à vue une nouvelle fois, le 30 novembre, Anne-Sophie Faucheur finira par craquer et avouer la mort de Typhaine, présentée d'abord comme accidentelle. Le corps de la fillette sera retrouvé le 9 décembre dans une forêt de la banlieue de Charleroi, en Belgique, sur les indications de Nicolas Willot.