Thierry Lepaon : "le dialogue social, ce n'est pas un objectif"

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Damien Brunon et Jean-Philippe Balasse , modifié à
INTERVIEW E1 - Pour justifier son retrait de la conférence sociale, le secrétaire général de la CGT invoque l’importance d’être entendu.

L’INFO. La journée de mardi risque d’être moins animée qu’elle ne l’a été lundi du côté du Conseil Economiqe et Social. Et pour cause, la CGT et FO ont décidé d’y boycotter la seconde journée de la conférence sociale de François Hollande. Si le syndicat rassemble toujours environ 700.000 adhérents, cela ne représente en réalité que 8% des salariés en France. Et alors que le renouvellement a de la peine à prendre forme, la direction de la CGT souffre. Elle a récemment été plusieurs fois débordée par sa base, dans les conflits à la SNCM et à la SNCF, sans parler du fait que plus de 20% de ses membres ont voté Front national aux dernières élections européennes.

>> Thierry Lepaon est le secrétaire général de la CGT. Décrit comme un adepte du compromis, il a pris la suite de Bernard Thibault il y a un peu plus d’un an.

Europe 1 : Pourquoi boycotter la conférence sociale ?

Thierry Lepaon : On veut faire mesurer le mécontentement qui existe dans le pays et qui existe dans les syndicats qui ont décidé de boycotter cette deuxième journée de la conférence sociale. Il y a dans notre pays un climat social tendu et il y une non réponse de la part du gouvernement des préoccupations qui sont celles des salariés.

Nous considérons que le dialogue social est une méthode que nous apprécions, mais ce n’est pas un objectif. L’objectif, c’est de répondre aux attentes des salariés en matière de salaires, en matière d’emploi, en matière de protection sociale.

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© REUTERS

N’est-ce pas une posture politique ?

On peut toujours simplifier les choses, mais c’est plus complexe que ça. La CGT n’est pas sur une posture. Elle a pour vocation à être présente partout où l’intérêt des salariés est en jeu.

Nous avons eu 14 réunions préparatoires avec les différents ministres de la conférence sociale. Nous avons fait 94 propositions qui permettent d’alimenter le débat de la part des salariés que nous représentons. Nous avons préconisé cinq mesures urgentes à mettre en oeuvre à l’issue de la conférence sociale. Aucune de ces recommandations et propositions n’a a été prise en compte par le gouvernement parce que le patronat ne souhaite pas qu’on parle de salaire, d’emploi et de financement de la protection sociale.

Il ne s’agit pas d’humilier qui que ce soit. Nous sommes allés en bons républicains à l’invitation du président de la République. Nous avons jugé que notre participation n’était pas nécessaire aujourd’hui à l’invitation de Manuel Valls et des différents ministres qui composent son gouvernement.

Est-ce un moyen de montrer qu’il y a un pilote dans l’avion ?

Nous débattons en interne sur la stratégie du syndicat et sa mise en oeuvre. La stratégie a été définie, il y a plus d’un an à Toulouse. Ca tient en trois mots, on veut une CGT qui soit utile aux salariés, accessible et solidaire.

Et si nos syndiqués sont parfois largués, c’est parce que leurs préoccupations ne sont pas débattues. Si on avait parlé salaire, emploi et financement de la sécurité sociale, sans doute que les salariés s’y retrouveraient plus. On leur parle seulement de la méthode dialogue social, mais jamais des contenu.

Au final, il y a un désespoir dans ce pays qui se traduit en politique. Et la CGT n’est pas une organisation étanche, même si nous faisons un travail pour combattre les idées du Front National. Nous continuons à expliquer que le vote refuge du Front National ne permettra pas de sortir notre pays de la crise, mais nous vivons dans un monde divisé, éclaté, où les idées faciles l’emportent souvent sur le raisonnement et la proposition.

Retrouvez l'intégrale de l'interview

"Le dialogue social est une méthode, ce n'est...par Europe1fr
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