Tennis : l'entraîneur est accusé de viols

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C.B avec Reuters , modifié à
Régis de Camaret, qui a coaché plusieurs jeunes championnes, doit répondre de ses actes jeudi.

"Aujourd’hui encore, ce qu’elle a subi a des conséquences sur sa vie intime". Plus de 20 ans après les faits qui lui sont incriminés, Régis de Camaret, entraîneur de tennis de nombreuses championnes françaises, dont Isabelle Demongeot et Nathalie Tauziat, sera jugé à partir de jeudi pour des viols et tentatives de viols présumés. Agé de 70 ans, Régis de Camaret risque 20 ans de prison. Le verdict sera rendu le 23 novembre.

Plus d'une vingtaine de ses anciennes élèves l'ont accusé d'attouchements sexuels et de viols à répétition commis entre les années 1977 et 1989. Mais la plupart de ces faits présumés sont prescrits car trop anciens, et seules deux plaignantes siégeront sur le banc des parties civiles devant la cour d'assises du Rhône. Les autres seront entendues comme témoins.

Demongeot, première agression à 13 ans

L'affaire débute en 2005 après une plainte déposé par Isabelle Demongeot. L'ancienne numéro 2 française, aujourd'hui âgée de 46 ans, se rend à la gendarmerie "pour se délivrer d'un secret". Elle explique alors avoir été violée à maintes reprises entre 1980 et 1989 par son entraîneur qui travaillait alors à Saint-Tropez.

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Les premières agressions se seraient déroulées dans une chambre d'hôtel alors qu'elle participait au tournoi de Roland Garros et qu'elle était âgée d'à peine 13 ans. A l'époque, la fillette n'avait pas osé dénoncer les faits présumés de crainte de se voir privée d'entraînement.

L'ex-championne se décrit aujourd'hui comme "brisée" par cette affaire et contrainte depuis de suivre une thérapie. Elle a eu l'occasion de raconter son histoire dans un livre intitulé Service volé, publié en 2007. C'est en découvrant qu'elle n'avait pas été la seule victime, selon elle, et pour éviter à d'autres jeunes filles de subir le même sort qu'Isabelle Demongeot s'est décidée en 2005 à porter plainte.

De nombreuses autres plaignantes

De nombreuses autres femmes ont d'ailleurs ensuite déposé plainte, des anciennes élèves des centres d'entraînement de Saint-Tropez, de Bayonne ou de Capbreton. Toutes rapportant approximativement les mêmes faits, parlant de viols à répétition, alors quelles n'étaient âgées que de 12, 13 ou 14 ans.

Elles parlent de l'homme comme d'un "gourou", un "pervers", qui profitait de leur installation comme pensionnaires dans les centres d'entraînement pour s'infiltrer la nuit dans leurs chambres et abuser d'elles.  Elles affirment qu'il utilisait souvent la phrase : "J'adore être le loup dans la bergerie".

Résultat : 30 ans après les faits présumés, toutes les anciennes élèves de Régis de Camaret se disent toujours profondément traumatisées et durablement perturbées par ces agressions présumées, racontant des vies brisées, marquées par des sexualités bouleversées, des dépressions, des anorexies, boulimies et des tendances suicidaires. Seule Nathalie Tauziat, ancienne numéro 1 du tennis féminin français, défend Régis de Camaret, accusant ses camarades de vouloir salir la réputation de l'entraîneur.

L'entraineur évoque "des jeux d'amour"

Après deux ans d'enquête, Régis de Camaret a finalement été interpellé en février 2007. Des perquisitions à son domicile ont révélé de nombreuses photos et films mettant en scènes les jeunes joueuses en partie nues, ainsi que la consultation de sites pornographiques montrant des jeunes filles. L'entraîneur a d'abord contesté les accusations, avant de reconnaître une aventure "consentie" avec Isabelle Demongeot pendant trois années, alors qu'elle avait environ 16 ans. Il parle en général d'un "environnement féminin propice à certains flirts", des "jeux d'amour", de "bisous dans le cou".

La comparution de Régis de Camaret intervient après un chemin judiciaire semé d'embûches. La cour d'appel d'Aix-en-Provence avait prononcé un non-lieu en 2009, une décision invalidée en 2011.