Stages : Wauquiez veut traquer les abus

Laurent Wauquiez, le ministre de l'Enseignement supérieur, veut "traquer les abus" concernant les conventions de stage.
Laurent Wauquiez, le ministre de l'Enseignement supérieur, veut "traquer les abus" concernant les conventions de stage.
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Céline Masfrand avec AFP
Le ministre de l'Enseignement souhaite durcir les contrôles exercés par l’inspection du travail.

Laurent Wauquiez, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, entend bien ouvrir la chasse aux conventions de stage "bidons", aux stages "à rallonge", ou encore aux postes vacants déguisés en stages à répétition.

Dans une interview accordée au journal La Croix mercredi, Laurent Wauquiez annonce avoir donné l’instruction de "traquer les abus" concernant les conventions de stage et ses dérives. Le ministre pointe du doigt les excès des entreprises vis-à-vis des stagiaires comme, par exemple, les stages qui s’éternisent et qui installent les étudiants dans un statut de stagiaire "à durée indéterminée".

"Un point de vigilance primordial"

 

En ce sens, le ministre compte bien distribuer des bonnets d’ânes aux entreprises qui "profitent " du maigre salaire légal des stagiaires pour alléger leur comptabilité. Même si, aux yeux de la loi, un stagiaire ne doit pas occuper des missions d'un autre employé et se positionner en simple "renfort", la réalité est, elle, souvent toute autre.

Le ministre a déclaré fermement ses intentions de "durcir les contrôles exercés par l’inspection du travail " afin d’éviter les dérives : "La loi nous donne aujourd'hui les moyens de lutter contre l'enchaînement des stagiaires sur un poste qui devrait être un CDI". Il s’agit surtout pour Laurent Wauquiez de pointer du doigt les entreprises qui optent pour un "enchaînement" de stagiaires à un poste qui, concrètement, en termes d’horaires ou de missions, devrait être incarné par un contrat à durée déterminée ou indéterminée.

De leur côté certains étudiants partent, eux, à la chasse aux conventions de stage. Face au chômage ils sont parfois poussés à bien des stratagèmes pour obtenir une convention de stage qui leur permettra une immersion dans une entreprise et, peut être, à la clé une embauche à un poste fixe. Mais, problème : une fois leur formation universitaire terminée, ces étudiants n’ont logiquement plus droit au statut de stagiaire et donc, aux fameuses conventions.

Un marché des conventions de stage ?

 

Ainsi, un réel marché des conventions de stage s’est développé en réponse à cette demande. Du coup, des organismes qui "vendent" des conventions de stage pullulent sur le Net. Autre technique, plus ancienne cette fois, l’inscription "bidon" en université qui permet d’obtenir la fameuse convention, sans pour autant passer les examens ou ni même mettre les pieds en cours.

A ce sujet, Laurent Wauquiez a affiché sa fermeté : "Distribuer des conventions de stageà des jeunes qui s'inscrivent à la fac uniquement dans le but d'en obtenir, cela n'a pas de sens. Jusqu'alors, il s'agissait d'un sujet tabou. Pour la première fois, il sera mis sur la table à la rentrée universitaire avec l'objectif clair d'en faire un point de vigilance primordial", explique le ministre.

Pour Laurent Wauquiez, il n’y a en effet qu’un modèle de stage, "celui qui s'inscrit dans [le] cursus et permet d'acquérir des compétences en appliquant ce que vous avez appris en cours". En septembre 2010, un décret conçu pour éviter les abus comme l'exploitation des stagiaires et les conventions bidons, a interdit les stages qui n'étaient pas "intégrés à un cursus pédagogique". Reste cependant à savoir comment le ministère compte s’y prendre pour référencer les étudiants "fantômes" qui s’inscrivent à la fac uniquement dans le but d’obtenir ladite convention mais qui en réalité, n’y mettent jamais les pieds.