#SafeDansLaRue : comment se sentir en sécurité dans la rue ?

À l'origine du phénomène "SafeDansLaRue" : un tweet de la bloggeuse féministe CrêpeGeorgette, lancé mardi après-midi.
À l'origine du phénomène "SafeDansLaRue" : un tweet de la bloggeuse féministe CrêpeGeorgette, lancé mardi après-midi. © MaxPPP
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JUNGLE URBAINE - De nombreuses twittos s'échangent des conseils de self defense sous le hashtag #SafeDansLaRue. Mais que valent-ils ?

Le phénomène. Comment se sentir "Safe dans le rue", comprendre : en sécurité lorsqu'on sort de chez soi ? La question suscite un vif débat depuis mardi sur Twitter, à travers le hashtag "SafeDansLaRue". De nombreuses internautes dénoncent les agressions ou humiliations dont elles ont été victimes, et s'échangent des conseils pour éviter que cela ne se reproduise. À l'origine du phénomène : un tweet de la bloggeuse féministe CrêpeGeorgette, lancé mardi après-midi.

L'internaute prodigue alors un conseil, à destination des hommes. "Dans la rue la nuit, si une femme est seule, je la dépasse vite en me mettant sur le trottoir d'en face pour montrer que tout est safe". Deux twittos, @mrsxroots et @The_Economiss, lancent alors le hashtag #safedanslarue.

>> Mais que valent les conseils qui s'y échangent ? On a posé la question à un expert en la matière : Sami Zran, professeur de Self défense à Villejuif.

# CATÉGORIE VIGILANCE

Les conseils des twittos. Pour être "safe dans la rue", "je regarde souvent les reflets dans les vitrines/vitres pour voir s'il y a quelqu'un derrière moi le soir", conseille ainsi  @Kalyp. @Krakramille, pour sa part, "marche le plus vite possible, regarde par terre, essaye d'être invisible et de n'être pas remarquée".

L'avis de l'expert.  "Être attentif à son environnement est déterminant, c'est le premier pas. Mais la frontière avec la paranoïa est mince. Marcher vite ou regarder ses pieds donne l'impression que l'on se sent en danger. Or, les agresseurs attaqueront plus facilement s'ils se sentent en confiance et sentent que la victime potentielle est faible. Il vaut mieux rester naturel. Par ailleurs, la vigilance se fait en amont. Il faut identifier et éviter les zones à risques, comme les passages isolés ou peu éclairés."

# CATÉGORIE DIVERSION

Les conseils des twittos. Les participantes au débat ont souvent leurs techniques pour détourner le potentiel agresseur de l'envie d'agresser. @Mrsxroots garde ses "écouteurs, jamais allumés mais sur les oreilles". @Karrie788 s'arrête et "matte (s)on portable pour qu'il (la) dépasse".

L'avis de l'expert. "Ce type de diversions peut être une bonne solution mais ça ne découragera pas l'agresseur. S'il est déterminé, il passera à l'acte. Mais cela permet de se rassurer. Aller voir les groupes louches pour leur demander du feu peut aussi, par exemple, briser une sorte de distance et éviter les remarques ou les sifflets. S'arrêter pour faire passer un individu suspect aussi. En revanche, sortir son portable n'est pas la meilleure solution : ça donne des idées aux voleurs."

# CATÉGORIE CAMOUFLAGE

Les conseils des twittos. Beaucoup d'internautes, pour éviter les agressions, semblent se contraindre à ne pas s'habiller comme elles le souhaitraient. "Je porte rarement des talons, au cas où je serais obligée de courir", reconnaît ainsi @Maellevie. "Je me sens plus #safedanslarue en jeans et en converses. Dès que je mets une jupe ou une robe, on me 'complimente' où on me suit. L’angoisse", rapporte, pour sa part, @AurelBQ.

L'avis de l'expert. "On aimerait pouvoir dire l'inverse mais, malheureusement, "surveiller" sa tenue reste efficace pour créer un sentiment de sécurité. Il ne faut, toutefois, pas tomber dans la paranoïa. La vraie solution, pour le long terme, c'est de se former psychologiquement pour pouvoir assumer sa tenue. Encore une fois, la confiance en soi permet de limiter les risques, car l'agresseur ne vous sent pas faible".   

# CATÉGORIE ARME

Les conseils des twittos. De nombreuses internautes conseillent fortement de transporter de quoi se défendre, bombes lacrymogènes ou armes blanches pour certaines, sans non plus aller jusqu'à l'arme de destruction massive. "Je me suis payé une lacrymo, un kubotan (petite lame pointue qui s'accroche au porte-clés ndlr) et des cours de kravmaga (art martial inspiré de l'armée israélienne)", rapporte @LawraProut. @EnnyaB21, elle, garde sa clé "bien serrée entre deux doigts". @Mibuulle conserve également son "parapluie à la main pour être prête à taper avec".

L'avis de l'expert. "Si l'arme est un objet du quotidien, c'est une bonne idée car cela rassure. En revanche, pour les armes de protection,  l'utilisateur non formé peut se mettre en danger. En cas de panique ou de vent contraire, il peut se mettre le gaz d'une lacrymo dans la figure. Et cela peut redoubler la violence de l'agresseur. Donc l'arme est une solution, oui, mais il faut savoir s'en servir".

# LA CONCLUSION DE L'EXPERT

Apprendre à refuser. "D'une manière générale, toutes les twittos sont dans le vrai. Mais il faut retenir qu'avant tout, l'agression doit être évitée. En cas de pré-agression (des injures ou des saisies par exemple), il faut apprendre à ne pas accepter d'aller là où l'agresseur veut vous emmener. Il ne faut pas non plus tomber dans la provoc, mais ne pas hésiter à refuser et faire entendre son opposition. Si l'autre se sent faible, il peut clairement abandonner l'agression.  

Eviter la bagarre. En cas de réelle agression, il vaut toutefois mieux fuir que se bagarrer. Il ne faut pas hésiter à crier ou se réfugier dans des endroits où il y a du monde ou des caméras. Il ne faut pas hésiter, non plus, à arracher le masque ou l'écharpe de l'agresseur, s'il est dissimulé. S'il se sent repéré et non plus invincible, son degré de confiance va baisser.  

Pas de solution miracle. Enfin, dans une situation critique, si l'agresseur le demande, il ne faut pas hésiter à se séparer d'un bien matériel. Il ne faut pas jouer au super-héros s'ils sont plusieurs ou s'il est armé. Il n'y a pas de solution miracle dans les agressions. Parfois, céder permet de limiter les risques".

MISE A JOUR 17H45

Certaines et certains d'entre vous se sont émus sur Twitter de la démarche d'Europe1.fr. En aucun cas, il n'est question pour nous de remettre en cause la légitimité, l'intérêt et la force des témoignages relatés sur Twitter via le hashtag #SafeDansLaRue. Notre but est au de décrypter avec un expert les nombreux échanges qui font avancer la réflexion sur le sujet depuis mardi après-midi. Si vous souhaitez échanger avec nous, écrivez-nous à l'adresse communaute@europe1.fr