Rouen : le procès de l'homophobie

Jérémy avait été découvert gravement blessé, dans une forêt près de Rouen
Jérémy avait été découvert gravement blessé, dans une forêt près de Rouen © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Trois hommes sont jugés pour avoir agressé, torturé et violé un homosexuel en 2009.

Ils voulaient "casser de l'homosexuel". Trois hommes, accusés d'avoir agressé et torturé un homosexuel en septembre 2009 dans une forêt de Rouen, sont jugés à partir de lundi devant la cour d'assises de la Seine-Maritime. Le procès se déroulera à huis-clos, à la demande de la défense. La victime, qui a refusé le soutien d'associations de défense des homosexuels, ne souhaite pas être mise en avant et n'aspire qu'à la discrétion.

Roué de coups, brûlé et laissé pour mort

Le jeune instituteur de 25 ans à l'époque des faits avait été découvert gravement blessé par des automobilistes, dans la forêt des Essarts, un lieu de rencontre de la communauté homosexuelle de la région rouennaise. Jérémy était brûlé au second degré sur plus d'un tiers de la surface de son corps et portait de nombreuses traces de coups.

Conscient avant d'être plongé dans un coma artificiel, Jérémy avait indiqué aux secours qu'il avait été agressé par trois individus, emmené dans une voiture, frappé et insulté dans des termes homophobes. Ses trois agresseurs présumés avaient été interpellés en février 2010.

"Enervés" par des appels de phare

Les trois hommes ont indiqué aux policiers qu'ils avaient été "énervés" par la victime qui leur aurait fait un appel de phares, interprété comme une invitation à une rencontre homosexuelle. Les accusés qui avaient beaucoup bu, selon leurs dires, auraient alors décidé de jouer le jeu en répondant à ses appels pour lui tendre un piège.

Deux d'entre-eux s'étaient cachés à l'arrière de la voiture et au moment de la rencontre, les trois s'étaient jetés sur lui et l'avaient frappé à coups de pieds, de poings et de crosse de pistolet. Ils l'avaient laissé pour mort après avoir incendié son véhicule.

Peu après, ils avaient également mis le feu à leur propre voiture. C'est d'ailleurs à partir de la carcasse de cette Opel Vectra que les enquêteurs étaient remontés jusqu'à eux.

Une "aversion" pour les homosexuels

Au cours de sa garde à vue, l'un des suspects avait reconnu les faits en évoquant "l'aversion" que lui inspiraient les homosexuels. Deux d'entre eux ont été mis en examen pour "tentative d'homicide volontaire" et "tortures ou actes de barbarie à raison de l'orientation sexuelle de la victime". Placés en détention provisoire, ils risquent la réclusion criminelle à perpétuité. Le troisième dont le rôle a été minimisé par ses camarades est poursuivi pour "non-empêchement de crime" et "non-assistance à personne en danger", des crimes punis de cinq ans de prison.