Roms : la crainte d’un nouveau dérapage

Les Roms chassés par des riverains à Marseille la semaine dernière se sont installés sur le terrain d’une ancienne concession automobile de la cité phocéenne.
Les Roms chassés par des riverains à Marseille la semaine dernière se sont installés sur le terrain d’une ancienne concession automobile de la cité phocéenne. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec Nathalie Chevance , modifié à
Chassés jeudi dernier d’un terrain de Marseille, ils ont trouvé refuge sur un autre site désaffecté.

Ces Roms ont été guidés par des associations marseillaises. Chassés jeudi dernier par des riverains des quartiers Nord de la ville, ils avaient quitté la ville avant de revenir ce week-end. Les Roms, qui sont une cinquantaine dont beaucoup d’enfants, se sont cette fois installés sur le terrain d’une ancienne concession automobile, non loin du lieu d’où ils avaient été expulsés la semaine dernière. Mais rien n’est réglé pour autant et la tension demeure.

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"On va venir et on va les expulser"

Sur ce nouveau site, les Roms, choqués par leur expulsion de jeudi dernier, vivent sans eau ni électricité. Ils ont disposé des matelas à même le sol et vivent sous la surveillance de la police qui veille à ce qu’il n’y ait pas de débordements avec les riverains.

Sur place, l’ambiance est tout aussi tendue qu’à proximité de la cité des Créneaux. Les riverains ont du mal à accepter la présence de ces nouveaux voisins. "Pour moi, il faut les expulser, c’est tout, et leur trouver des logements", estime Paul, un habitant du quartier. Si rien n’est fait, "on va venir et on va les expulser", prévient-il au micro d’Europe 1.

Pour Fathi Bouaroua, président de la Fondation Abbé Pierre à Marseille, la présence de la police est même indispensable : "Il faut protéger ces personnes contre l'imbécillité humaine, contre nos égoïsmes", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Tous les jours, on assiste à des agressions, à des violences, donc le permis de chasser a été ouvert", ajoute-t-il, évoquant le "risque de pogroms".

"Il faut maintenant les protéger" 

Le scénario d’un nouveau coup de force des habitants est redouté par tous les responsables associatifs, d’autant que ces familles se sont installées ici sans autorisation. "On ne s’en sort pas", juge Caroline Godard, de l’association Rencontres tziganes. "Depuis jeudi soir, ils ont été extrêmement traumatisés par l’épisode qu’ils ont subi", ajoute-t-elle. "Il faut maintenant les protéger et faire en sorte qu’il puisse s’installer à un endroit convenable", conclut-elle.

Reste que le terrain sur lequel les Roms viennent de s’installer est une propriété privée qui est en passe d’être rachetée par la Mairie de Marseille. Cette dernière a immédiatement porté plainte après l’installation de ces familles. Cela signifie qu’elles pourraient être à nouveau chassées dans les prochaines heures. De son côté, la préfecture a convoqué les associations humanitaires pour tenter de trouver une solution.