Raffineries : la reprise sera compliquée

© MAXPPP
  • Copié
, modifié à
La fin de la grève ne signifie pas un retour à la normale immédiat à la pompe. Décryptage.

Trois des douze raffineries françaises, à l'arrêt ou quasiment depuis plusieurs jours, ont voté lundi la fin de la grève. Une annonce qui devrait soulager les gérants de stations-service et les conducteurs qui font face à un manque de carburants. Mais pour Jean-François Giannesini, expert pétrolier indépendant, cette décision ne règle pas tout dans l'immédiat.

"Une raffinerie c'est comme une immense bouilloire"

Selon l'expert, le retour à la normale prendra plusieurs jours."Une raffinerie c'est comme une immense bouilloire où l'on fait chauffer du pétrole brut pour le distiller. Donc il va falloir faire monter tout ça en température, il va falloir purger les circuits, remettre en route des échangeurs de température...", explique Jean-François Giannesini. Il faudra "plusieurs jours pour voir sortir les premières gouttes d'essence ou de gasoil et ensuite au moins une bonne semaine pour retrouver la capacité nominale de la raffinerie", précise-t-il.

La situation dépend notamment du taux d'arrêt des raffineries. Pour celles qui sont totalement à l'arrêt, "il faut compter qu'elles ne pourront pas retrouver leur pleine capacité avant une bonne semaine", indique Jean-François Giannesini. Pour les raffineries dont la production n'est que partiellement interrompue, "tout dépend de ce que l'on avait arrêté", explique l'expert. "Si on avait simplement arrêté des réacteurs qui sont en aval du processus de distillation principal, on pourra le faire en 2-3 jours. Mais si on avait arrêté la "bouilloire", le distillateur, là aussi il faudra une bonne semaine", précise-t-il.

"Ce sont quand même des fluides dangereux"

Ces délais relativement longs sont dictés par un souci de sécurité et de protection du personnel et des installations. "Ce sont quand même des fluides dangereux, il y a des gaz de pétrole, des éléments très volatiles, comme l'essence, le super. Tout ça sont des choses inflammables, explosives", justifie Jean-François Giannesini.

Mais si trois raffineries ont voté la reprise du travail, cela ne devrait pas suffire à retrouver une situation complètement normale. Il faudra attendre que les 12 raffineries fonctionnent régulièrement, avertit Jean-François Giannesini.