Quelle réinsertion pour Maxime Brunerie ?

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Morgane Tual avec AFP
L’homme qui avait tenté d’assassiner Jacques Chirac s’est vu refuser son adhésion au MoDem.

Sorti de prison en août 2009, Maxime Brunerie connaît une réinsertion un peu particulière, en raison de sa notoriété. L’homme, qui avait tenté d’assassiner Jacques Chirac lors du défilé du 14 juillet 2002, ne laisse pas indifférent, comme vient de le prouver François Bayrou.

Jeudi matin, Maxime Brunerie a déclaré faire partie du MoDem. Une information qu’a aussitôt rectifiée François Bayrou, affirmant que Maxime Brunerie avait simplement fait une demande d’adhésion. "Au MoDem, on n'entre pas comme dans un moulin", a-t-il dit sur RMC, avant d'ajouter : "Les déséquilibrés n’ont pas de place chez nous".

"Des propos choquants"

Marc Fesneau, secrétaire général du parti, a confirmé que Maxime Brunerie avait fait une demande d’adhésion. "Mais toute adhésion passe statutairement par la validation du bureau exécutif national du MoDem", a-t-il précisé. "M. Brunerie sera traité comme tout le monde, mais compte tenu de son parcours, il n'a pas sa place au mouvement démocrate et donc, son adhésion est rejetée".

Des propos jugés "choquants" par Jean-Marie Faucher, directeur général de l’Arapej, une association consacrée à la réinsertion des détenus. Interrogé par Europe1.fr, il considère que les déclarations de François Bayrou "jettent l’opprobre sur les personnes étant dans un effort de réinsertion, qui ne sont pas forcément déséquilibrées".

Brunerie se sent "plus stable"

Qui plus est, pour lui, "si ces personnes qu’ils appellent ‘déséquilibrées’ n’ont pas leur place au MoDem ou ailleurs, qu’en fait-on ? On les met toutes dans un bateau ? Que proposent les hommes et les femmes politiques ? " Avant d’ajouter : "Dommage qu’il ne soit pas capable de travailler sur cette question de la réinsertion. Un homme politique qui veut être porteur de la représentation nationale doit être porteur de cohésion nationale. Pas de l’opprobre envers les personnes qu’il pourrait être amené à administrer".

Depuis sa sortie de prison, Maxime Brunerie a notamment rédigé une autobiographie, Une vie ordinaire : je voulais tuer Jacques Chirac (ed. Denoël). Détenteur d’un diplôme d’assistant de gestion obtenu en prison, il a lancé au début de l’année son entreprise d’achat et de vente de livres anciens. Dans un entretien accordé à Europe 1, il affirmait le 14 juillet dernier se sentir "beaucoup plus stable et beaucoup plus positif qu’il y a neuf ans" :

La question de la réinsertion des anciens détenus est particulièrement complexe quand ceux-ci ont été sous le feu des projecteurs. On l’a vu récemment lors du retour sur scène de Bertrand Cantat. Dans le domaine politique, l’adhésion de Jean-Marc Rouillan, ancien d’Action Directe, au NPA en 2008, avait provoqué de nombreuses réactions. A l’époque, Olivier Besancenot avait déclaré, dans l’Express : "Le passé est le passé. Jean-Marc Rouillan a purgé sa peine de prison. La question, c'est de savoir si un homme qui a purgé sa peine a le droit de s'engager en politique. Ma réponse est oui".