Ponant : "je ne suis pas un pirate !"

Le voilier Le Ponant lors de la reconstitution de l'assaut organisée par la gendarmerie.
Le voilier Le Ponant lors de la reconstitution de l'assaut organisée par la gendarmerie. © REUTERS
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avec AFP , modifié à
Le procès de la prise d’otage du voilier Le Ponant a débuté mardi, réunissant otages et pirates.

Le procès de six pirates somaliens présumés, accusés d'avoir participé en 2008 pour l'attaque du voilier de luxe français Ponant, s'est ouvert mardi devant la cour d'assises de Paris. Lors de ce premier face-à-face, les accusés ont nié toute responsabilité tandis que la capitaine du navire n’a pas caché son émotion.

Les six accusés, âgés de 25 à 50 ans, avaient arrêtés le 11 avril 2008 par des commandos de l'armée française en territoire somalien alors qu'ils se trouvaient en voiture en possession d'armes et d’une partie de la rançon. Poursuivis pour enlèvement et séquestration ainsi que vol en bande organisée, ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Des Somaliens là par hasard

Aujourd’hui sur le banc des accusés, presque tous l’assurent : leur présence dans ce véhicule intercepté n’est que le résultat d’un concours de circonstances. Ainsi, ils se sont présentés comme pêcheurs, chauffeur de taxi ou comptable dans une société de pêche. Un seul, Ismaël Ali Samatar, reconnaît avoir participé à l'abordage du luxueux trois-mâts, le tout en échange de 37.000 dollars (29.200 euros).

Les cinq autres accusés affirment leur innocence. "Je ne suis pas un pirate", a déclaré Abdullahi Youssouf Hersi, chauffeur de taxi. Il a raconté que sa voiture étant en panne, il avait accepté pour 100 dollars de prendre le volant d'un 4X4 pour conduire cinq personnes qu'il ne connaissait pas à Garowe, le repère des pirates somaliens, situé à 12 heures de route.

De plus, trois accusés ont affirmé n'avoir jamais mis les pieds sur le bateau, tandis que deux admettaient être montés à bord mais seulement pour approvisionner les pirates en chèvres, cigarettes ou khat.

Un capitaine aux souvenirs contrariés

En face, le commandant Patrick Marchesseau, capitaine du voilier au moment des faits, était tout aussi fébrile, visiblement ému par ces désagréables retrouvailles. Première partie civile à témoigner devant la cour d'assises de Paris, il a maintenu ses déclarations, tout en admettant qu'il ne pouvait plus aujourd'hui identifier qu'un seul des accusés dans le box.

"Il s'est passé quatre ans", a-t-il confié, avant d’ajouter : "ils sont un peu plus bouffis qu'à l'époque, (…) le Somalien qui vit en Somalie n'a pas du tout le même aspect que celui qui a passé quatre ans en prison en France". Les autres avaient été reconnus sur photographie pendant l'enquête par certains membres d'équipage. "Chacun a manqué des épisodes" de la prise d'otages, a tenté d'expliquer le commandant, 45 ans.

Des pirates "soit calmes, soit très excités"

Vêtu de son uniforme bleu marine de capitaine, il a dû s'interrompre plusieurs fois pendant son audition sous le coup de l'émotion, retenant des larmes notamment quand il a parlé des retrouvailles avec ses filles une fois libéré.

"Je leur ai dit que le capitaine Crochet était venu sur le bateau et que papa avait joué le rôle de Peter Pan", a-t-il détaillé. Selon lui, les pirates "se sont définis comme des islamistes modérés, mais pas des terroristes". Il les a décrits comme "binaires : soit calmes, soit très excités, et là, ils deviennent dangereux". "J'ai eu peur que ça finisse mal", a-t-il conclu.