Mediator : "pire que ce qu’on pensait"

La pneumologue Irène Frachon est la première à avoir alerté sur la dangerosité du Mediator.
La pneumologue Irène Frachon est la première à avoir alerté sur la dangerosité du Mediator. © MAXPPP
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avec Anne Le Gall , modifié à
Irène Frachon, première à s’être alarmée, réagit au rapport de l’Igas. Elle charge Servier.

Irène Frachon est la première à avoir alerté les autorités sur la dangerosité du Mediator. Le médicament des laboratoires Servier est aujourd’hui au cœur d’un énorme scandale sanitaire, puisqu’il aurait coûté la vie à des centaines, voire des milliers de personnes, durant les 33 ans de sa commercialisation. Samedi, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) est venu démontrer les lacunes du système sanitaire français, et les responsabilités du laboratoire.

"Le sentiment est général : c’est encore pire que ce qu’on pensait", réagit Irène Frachon au micro d’Europe 1.

Ecoutez Irène Frachon :

"Je m’attendais à ce qu’il y ait une chaîne de responsabilités, mais je pensais qu’il y avait d’abord une erreur, des choses qu’ils avaient pas comprises, pas vues. Aujourd’hui, il s’avère que c’est beaucoup plus grave que ça. La totalité de ces données scientifiques étaient très simples à comprendre : un poison qui ne sert à rien était déjà dans les mains dans l’Afssaps depuis plus de 10 ans."

"Défense misérable de Servier"

La pneumologue s’interroge sur ce qui a permis au médicament d’être encore en vente, alors qu’il aurait dû être interdit au mois dès 1999, selon le rapport de l’Igas. "Que s’est-il passé à ce moment-là, et quelle influence, quelles pressions quel lobbying, a permis qu’autant de fois, ces signaux aient pu être écrasées ?", regrette-t-elle.

Pour Irène Frachon, il suffit de se tourner vers Servier. "Je crois que la réponse, nous l’avons lorsque nous entendons la défense misérable des laboratoires Servier face à des évidences qui ont été apportées d’abord par les décisions de l’Afssaps, par les éléments que j’apporte dans mon livre, puis par les enquête que l’ensemble des journalistes ont effectuées. Vous découvrez chaque jour une évidence, et la réponse que vous en fait le laboratoire Servier est méprisante, irrationnelle, surréaliste. Mais tout ça n’aurait pas d’importance si ça n’avait pas coûté la vie à autant de personnes."