Police judiciaire : la judiciarisation à l’excès fait déborder les stocks de procédures
La police judiciaire fait face à une crise majeure avec près de trois millions d’enquêtes en attente et un risque d’atteindre les huit millions d’ici 2030. Faute de moyens et de personnel, des milliers de victimes risquent de ne jamais obtenir justice, assurent les forces de l'ordre qui réclament davantage de moyens humains.
La police judiciaire est en souffrance avec près de trois millions d’enquêtes en stock dans les commissariats. La filière investigation n’attire pas avec des difficultés de recrutements et des procédures pénales toujours plus pesantes.
Au-delà des revendications des policiers, ce sont des milliers de victimes qui n’obtiendront jamais réparation et des délinquants qui ne seront pas confondus. Cette situation est connue depuis plusieurs années. Mais les stocks ne diminuent pas.
Selon les projections pessimistes de l’administration, il pourrait y avoir fin 2030 près de 8 millions de procédures en souffrance. Plus du double qu’aujourd’hui. Les solutions manquent.
"Il faudrait au moins 2.000 enquêteurs supplémentaires pour contenir le stock qui est déjà un niveau élevé", estime un haut cadre de la Place Beauvau. Inenvisageable dans le contexte budgétaire actuel.
Des victimes abandonées, faute de moyens
Autre piste, classer sans suite des milliers d’enquêtes supplémentaires. Là encore, ce n’est pas une solution pour les victimes, déplore Grégory Joron, secrétaire général du syndicat Unité SGP-FO.
"L'escroquerie, qui n'atteindrait pas un montant assez sérieux pour qu'on puisse le catégoriser comme étant urgent, reste dans une pile, au risque de malheureusement ne pas être traité. Derrière chacun de ces dossiers, il y a déjà premièrement une victime qu'il va de fait maltraiter et aussi un auteur qu'ils ne vont pas punir", selon lui.
Les policiers plaident pour une prise de conscience politique, mais aussi des citoyens. La judiciarisation à l’excès fait déborder les services d’investigations, selon la profession. Un peu à l’image des urgences dans les hôpitaux saturés à cause de patients qui relèvent parfois de la bobologie.