Les pirates somaliens attendent toujours

En 2008, des pirates somaliens avaient détourné un bateau de croisière de luxe, le Ponant.
En 2008, des pirates somaliens avaient détourné un bateau de croisière de luxe, le Ponant. © REUTERS
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avec Aude Leroy , modifié à
ZOOM - Le procès de ces six pirates qui auraient attaqué le Ponant s'ouvre mardi à Paris.

Cela fait quatre ans qu'ils attendent, dans des prisons françaises, d'être jugés. Six Somaliens comparaissent devant la justice à Paris à partir de mardi pour le détournement, en avril 2008, du Ponant, un bateau de croisière de luxe, à l'entrée du golfe d'Aden. Les pirates présumés avaient à l'époque obtenu les 2 millions de dollars qu'ils réclamaient et avaient pris la fuite, avant d'être rattrapés par un hélicoptère français.

Ramenés de Somalie en France par l'armée, six hommes aujourd'hui âgés de 25 à 50 ans ont été incarcérés dans des prisons différentes. "Ils ont été séparés parce qu'ils n'avaient pas le droit, dans le cadre de l'instruction, de préparer leur défense ensemble", explique l'avocat de l'un d'eux, Grégory de Saint-Michel.

Peu de nouvelles de leurs familles

Son client souffre d'un "syndrome de Ganser", "qui est dû à un isolement total, culturel", ainsi qu'à "l'enfermement lui-même". Ses effets : "les personnes deviennent totalement délirantes et en dehors de la réalité". Une pathologie d'autant plus grave pour l'avocat que son client n'a pas pu bénéficier des services d'un interprète pour être suivi par un psychiatre, ce qui "rendait encore plus intolérable sa situation".

Depuis un an, les six hommes ont été transférés à la prison de la Santé, à Paris, où ils peuvent se croiser lors de promenades. Les pirates ont eu très peu de nouvelles de leurs familles. L'un d'eux a fini par apprendre que sa femme avait divorcé, à distance.

Ils voudraient rester en France

Certains ont appris à parler français en prison. Ils se verraient bien rester en France après leur procès, même s'ils ne connaissent du pays que ce qu'ils en ont vu à la télévision. 

Qu'ils soient condamnés ou non, tous ne redoutent en effet qu'une seule chose : une expulsion vers la Somalie où, assurent-ils, ils risquent leur vie.