"Le tabac bio tue autant que le tabac de contrebande"

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Alexis Toulon , modifié à
INTERVIEW E1 - Le professeur Bertrand Dautzenberg tient à cette mise au point alors que François Hollande lance mardi le troisième plan cancer.

INTERVIEW E1 - Depuis 2002, chaque président français lance son plan cancer, afin de lutter contre ce fléau dans la société française. Jacques Chirac avait fait de la guerre contre le tabac sa priorité, Nicolas Sarkozy avait sacrifié ce combat sur l’autel de la consommation. François Hollande doit livrer mardi sa copie, pour les quatre années à venir, mais du côté des professionnels et des associations, on craint un plan au rabais car la copie "très bien rédigée" par la Santé et l'INCA pourrait être jetée à la poubelle par simple choix politique. "Le président a dans les mains de quoi faire un plan anti-tabac merveilleux", assure au micro d’Europe 1 le professeur Bertrand Dautzenberg, président de l’Office Français de lutte contre le Tabagisme (OFT), et pneumologue à la Pitié-Salpêtrière.

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"Rouler une patte de mouche n'est pas plus mauvais". "L’interdiction ne marche pas", assure Bertrand Dautzenberg. Selon le professeur, la solution passe par plus de prévention. Et pour éviter à la collectivité de financer de telles opérations, il conseille une augmentation massive du prix du tabac, "et affecter ces dépenses à la prévention". Le prix  des cigarettes augmente régulièrement. Toutefois, seule des hausses massives du prix, d’un coup, ont un impact sur la consommation. "Le tabac a augmenté de 1,60 euros depuis le 2ème plan cancer sans aucune baisse de la consommation. La même augmentation de 1,50 euro d'un coup sous Jacques Chirac a été efficace", rappelle Bertrand Dautzenberg.

Un combat de santé publique. "Le tabac, c'est 50% de morts. Il est aberrant que ce produit soit encore consommé : il l'est car les fumeurs sont dépendants. C'est le principe du business du tabac : rendre les gens dépendants, leur faire perdre leur liberté, c'est un esclavage de fumer", lance David Dautzenberg.Selon lui, les cigarettiers ont mis la main sur l’Elysée et dictent sa politique. D’où sa crainte d’avoir un troisième plan cancer au rabais. Il rejette également en bloc l’argument des rentrées fiscales, rappelant que selon les chiffres de la Cour des comptes, chaque milliard d’euro de recette généré par la vente de tabac, en coûte trois milliards à la collectivité. "Un rapport de un sur trois", s'agace le professeur.

>> A voir aussi : l'intégralité de l'interview du professeur David Dautzenberg

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