La terre tremble en Europe, c'est grave ?

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DÉCRYPTAGE - L’Italie a connu mardi son troisième séisme en l’espace de dix jours.

La terre ne cesse de trembler en Italie. Trois séismes en l’espace de dix jours. Après un premier séisme de magnitude 6 sur l’échelle de Richter le 20 mai, la plaine du Po a tremblé le 27 mai et de nouveau mardi.

L’Italie n’est cependant pas le seule concernée par des tremblements de terre : la Bulgarie a également été touchée (magnitude de 5,8 le 21 mai puis de 4,3 le 24 mai), ainsi que la Turquie (4,6 de magnitude le 19 mai) et Israël (5,5 le 11 mai). Ces tremblements de terre sont-ils liés les uns aux autres et faut-il s’attendre à de nouvelles secousses en Europe ? Europe1.fr a posé la question à Pascal Bernard, physicien-sismologue à Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP).

Que se passe-t-il actuellement dans le sous-sol italien ?

La péninsule italienne remonte vers le Nord et entre en collision avec les Alpes dans une zone relativement connue pour héberger des séismes. Celui de mardi est plus précisément une réplique déclenchée par le séisme précédent.

Nous sommes en effet dans une phase de risque plus élevé car les vibrations provoquées par les séismes récents peuvent provoquer la cassure d’autres failles voisines. On trouve sous la plaine du Pô (au nord-est de l’Italie, ndlr) toute une série de failles qui sont voisines mais mal connectées. Ainsi, quand l’une de ces failles casse, celles d’à côté bougent mais il faut un certain temps avant qu’un autre segment casse.

Doit-on s’attendre à de nouveaux séismes ?

On peut donc s’attendre à des répliques au cours des prochaines semaines, voire des prochains mois. Ce devrait être des petits séismes mais rien n’exclut un nouveau séisme de magnitude 6. C’est le genre de magnitude qu’on attend dans le nord de l’Italie, mais aussi en France, environ une fois par siècle. Cependant, plus on attend, plus l’effet domino a des chances de s’estomper car ces failles ‘re-cimentent’.

Ces tremblements de terre italiens sont-ils liés à ceux enregistrés en Turquie ou en Israël, où même bien avant à L’Aquila ?

Les séismes de Turquie et d’Israël n’ont pas de rapport entre eux. On estime qu’il faut cinq à six fois la longueur d’une faille pour estimer le périmètre d’action d’un séisme. Ainsi, une faille de 10 km peut agir normalement jusqu’à 50 kilomètres de distance. Il n’y a donc pas de rapport entre les épisodes israéliens ou turcs et ceux observés en Italie.

Il n’y a pas non plus de rapport avec le tremblement de terre de L’Aquila (survenu en avril 2009 et qui fait plus de 300 morts, ndlr). Là aussi, on est géographiquement beaucoup trop loin. Si on voit à l’échelle méditerranéenne une augmentation de la sismicité c’est le hasard.

Quelles sont les zones jugées les plus à risque à court et moyen terme ?

Il y a des endroits où nous mettons plus d’instruments car des séismes y sont plus probables. C’est notamment le cas à Istanbul, en Turquie, et en mer de Marmara : on y attend la rupture d’un segment de la faille nord-anatolienne, qui n’a pas cassé depuis 250 ans. Il y a également l’ouest du golfe de Corinthe, en Grèce. On y observe de petites failles connectées entre elles qui pourraient casser en cascade et étouffer la ville de Patras.