La France championne du redoublement

Plus de 17% des élèves de primaire redoublent en France.
Plus de 17% des élèves de primaire redoublent en France. © MAXPPP
  • Copié
, modifié à
Près de 2 élèves du primaire sur 10 redoublent en France. Un record à l’échelle européenne.

D’après une étude Eurydice commandée par la Commission européenne, la France est championne d’Europe en matière de redoublement. Ainsi, selon les chiffres recueillis par l’institut, 17,8% des élèves redoublent dans le primaire en France. Au collège, c’est en Espagne que le taux de redoublants est le plus élevé (31,9%), mais la France n'est pas très loin, avec près de 23,5% des élèves qui redoublent. A titre de comparaison, en Finlande, il est à 0,5%.

Une "culture du redoublement"

Or, montre la même étude, le redoublement scolaire coûte cher et la méthode ne fait pas ses preuves. Les pays adeptes du redoublement ont intériorisé "une culture du redoublement", lit-on dans les conclusions du rapport d’Eurydice.

"La conception selon laquelle répéter une année est bénéfique pour les apprentissages de l'élève reste très présente (…) en Belgique, en Espagne, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Portugal", développe le document. "Cette vision est partagée par le corps enseignant, la communauté scolaire et les parents eux-même", analyse aussi l’institut.

En revanche, le passage automatique reste une pratique relativement marginale en Europe. Seuls le Royaume-Uni, la Bulgarie, la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein ont adopté ce système. Les effets de cette méthode ne sont pas évalués.

Le gouvernement pense faire des économies

L’enseignant Jean-Paul Brighelli, auteur de Lafabrique du crétin, craint cependant que cette étude ne soit instrumentalisée par le gouvernement. Car les redoublements coûtent cher. En primaire, un élève qui redouble "coûte" un peu moins de "6.000 euros par an", rappelle Jean-Paul Brighelli, et au collège, on grimpe à "8.000 euros" par tête.

"Le redoublement a un coût et le gouvernement essaie de faire des économies par tous les moyens", confie l’agrégé de lettres à Europe 1. "La rue de Grenelle commence à Bercy depuis plusieurs années", "ils se sont dits ‘il faut absolument lancer une offensive pédagogique, ça nous fera gagner des sous’, ça c’est la réalité", assure-t-il.

Faut-il supprimer le redoublement ?

Pour remédier aux redoublements, il suffirait de prendre le problème des lacunes à la racine, en "apprenant véritablement dans les petites classes à lire et à écrire avec des programmes cohérents", argumente Jean-Paul Brighelli.

"D’un certain point de vue, je pense qu’on peut, à terme, supprimer le redoublement", explique-t-il aussi, exhortant l’Education nationale à produire "des programmes exigeants, intelligents, et attentifs au développement des élèves."