L'aspartame, 10 ans de polémique

"Les données scientifiques sont suffisantes pour agir", estiment les signataires de la lettre adressée à Xavier Bertrand.
"Les données scientifiques sont suffisantes pour agir", estiment les signataires de la lettre adressée à Xavier Bertrand. © MAXPPP
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Le principe de précaution doit-il s'appliquer ? Europe1.fr fait le point sur la controverse.

Découvert dans les années 60, L'aspartame, un édulcorant artificiel s'est répandu en France comme une trainée de poudre dans les années 90.

Les sodas light, mais aussi certains médicaments, tirent parti de son fort pouvoir sucrant et de son faible pouvoir calorique. Ces dernières années, plusieurs études sont venues semer le trouble quant à son innocuité.

Où trouve-t-on de l'aspartame ? L'aspartame remplace le sucre dans plus de 6.000 produits alimentaires. On en trouve dans sodas, boissons, bonbons, desserts et produits pharmaceutiques.

Que disent les études scientifiques ? Elles tendent à montrer que l'aspartame augmente les risques d'accouchement prématuré et favorise l'apparition de cancer du foie et du poumon. L'an dernier, une étude danoise menée auprès de 59.334 femmes enceintes a ainsi montré que les futures mamans consommant plus de quatre canettes de soda gazeux sucré aux édulcorants voyaient leur risque d'accoucher d'un prématuré grimper de 78 %.

Une autre étude, italienne celle-là, réalisée sur des souris exposées à l'aspartame pendant la gestation, a montré que la consommation d’aspartame favorisait à long terme, chez les rongeurs, les risques de cancer, notamment du foie et du poumon.

Mais les scientifiques ne sont pas unanimes : en février dernier, les experts de l'Autorité européenne de sécurité des aliments avaient ainsi, de leur côté, écarté tout risque concernant l'édulcorant.

Le principe de précaution en question

Qui tire la sonnette d'alarme ? Un an après la publication de l'étude danoise, plusieurs scientifiques, gynécologues et pédiatres ont décidé d'interpeller le ministre de la Santé en lui adressant une lettre rendue publique jeudi. 

Pourquoi maintenant ? L'étude danoise n'a suscité aucunes mesures de la part des autorités sanitaires. Or, pour les médecins signataires, les données scientifiques actuelles devraient suffire au déclenchement du principe de précaution. 

Arguant que "le doute devrait profiter au consommateur", le  chef du service de gynéco-obstétrique au CHU de Nîmes fait ainsi valoir qu'abaisser le risque de prématurité de 25% serait "énorme".

Quelle est la position des autorités sanitaires ? Comme le relève la lettre adressée au ministre par le Réseau environnement santé, Xavier Bertrand, fin 2011, s'est clairement engagé à retirer l'aspartame si un rapport le préconisait.

Or, si les rapports pointent des dangers, aucun ne va jusqu'à recommander un retrait pur et simple de l'aspartame du marché. Ce n'est d'ailleurs pas non plus ce que réclame le collectif Réseau environnement santé qui préconise simplement la diffusion de conseils de prudence auprès des femmes enceintes.