"Il n'y a pas de petite claque", le clip choc

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Sophie Amsili et Eve Roger , modifié à
VIDEO - La Fondation pour l'Enfance diffusé un clip contre les violences dites "éducatives", et notamment les gifles.

"Il n'y a pas de petite claque". Tel est le slogan de la nouvelle campagne lancée mardi par la Fondation pour l'Enfance. Diffusé sur 16 chaînes de télévision, ce clip de 30 secondes met en scène une mère au téléphone gênée par le bruit de son fils qui joue avec une voiture. Excédée, elle le gifle. La claque est filmée au ralenti pour que le téléspectateur constate son effet sur le visage de l'enfant. D'apparence anodine pour un adulte, la gifle fait l'effet d'un coup de poing pour un enfant. Le message de la Fondation est clair : toute violence est à proscrire car elle ne permet pas d'éduquer son enfant, au contraire.

Le clip de la Fondation pour l'enfance :

Un clip réalisé en 2011 mettait déjà en scène une femme, battue pendant son enfance, qui giflait à son tour sa fille. La Fondation pour la France vise les 85% de parents français qui donnent un coup pour réprimander et en particulier les 50% qui estiment qu'il s'agit d'une punition "éducative".

Pour tout savoir sur la campagne de la Fondation pour l'enfance :

Des adultes "pas fiables". Or, une gifle ou une claque, "ce coup donné sur la joue avec le plat ou le revers de la main" selon le Larousse, "est une violence", souligne le Dr Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne, au micro d'Europe 1. Au-delà des conséquences physiques ("un hématome, un tympan perforé, une lésion oculaire" ou encore "des lésions au niveau des tissus profonds comme le cerveau"), la Fondation pour l'Enfance insiste sur les conséquences psychologiques pour l'enfant : "C'est une grande personne par rapport à un petit enfant", rappelle le Dr Emmanuelle Piet, également coordinatrice de la campagne. "C'est comme si un géant, une personne de 3,40 mètres, nous donnait une petite claque.

"On voit la peur s'installer, mais aussi l'incompréhension, parce que pour la même bêtise hier il n'y a pas eu la petite claque", poursuit-elle. "Cela donne aux enfants l'impression que les adultes autour d'eux ne sont pas fiables et qu'ils vont tout d'un coup devenir très méchants". L'enfant se trouve alors incapable de "penser un endroit sûr pour [lui]". "C'est ça qui va [lui] donner des troubles psychologiques et des difficultés d'apprentissage", ajoute le médecin.

Et l'impact psychologique ne s'arrête pas là : "On va apprendre à l'enfant qu'on peut frapper plus petit que soit ? Que les relations se gèrent avec la violence ?", s'interroge le Dr Gilles Lazimi. Sa consoeur ironise : "la grande utilité de la claque, c'est d'apprendre aux enfants que quand ils seront grands, ils pourront taper. C'est exactement le contraire de ce qu'on souhaite pour une société apaisée".

Comment faire autrement ? C'est donc à l'idée même de recourir à un geste violent que la campagne s'attaque. Le message : puisque la claque est interdite entre adultes, elle doit aussi l'être vis-à-vis d'un enfant. "La main est commandée par le cerveau, elle ne part jamais toute seule", assure le Dr Emmanuelle Piet. " Si on la laisse partir, c'est qu'on a décidé qu'elle avait le droit. C'est autour de ça qu'il faut réfléchir."

Ainsi, si un enfant met les doigts dans une prise, on doit utiliser un cache-prise plutôt que de le frapper, estime-t-elle. S'il joue avec des casseroles, on déplace celles-ci plus haut. Si l'enfant fait une crise, on essaie de le consoler, de comprendre ce qui s'est passé. Si c'est le parent qui est énervé, mieux vaut qu'il quitte la pièce plutôt qu'il frappe son enfant. "Il y a toujours une solution de repli autre que des cris ou des coups" dans "l'arsenal éducatif" dont disposent les parents.

"C'est important de dire non". Mais pas question pour autant de céder à toutes les demandes d'un enfant, précise le Dr Gilles Lazimi : "c'est important de dire non. L'autorité, on l'a, et on l'a sans coup. On peut clairement faire obéir un enfant, lui expliquer les choses, le faire patienter, détourner son attention, s'occuper de lui et ne pas avoir des attentes qui ne correspondent pas à son âge."

Et s'il y a un modèle à suivre, c'est la Suède, selon le Dr Emmanuelle Piet. Les violences éducatives ordinaires sur les enfants y ont été interdites dès 1976, imitée par une trentaine de pays aujourd'hui en Europe. "Vingt ans plus tard, 80% des Suédois ne considéraient plus la punition corporelle comme éducative", se félicite le médecin. "Ils ont changé les mentalités."