Guerlain s'excuse de son "imbécillité"

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avec AFP , modifié à
Seize mois après sa sortie sur les "nègres", une amende a été requise contre le parfumeur. 

"Je présente toutes mes excuses à la communauté noire pour cette imbécillité". Seize mois après la polémique suscitée par ses propos sur les "nègres", Jean-Paul Guerlain a exprimé ses regrets jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.

Évoquant sur France 2, lors du JT du 15 octobre 2010, la création du parfum Samsara, Jean-Paul Guerlain avait répondu : "pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre", avant d'ajouter :"je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin...".

"Je suis tout sauf raciste"

"La première partie de ma phrase est une phrase que j'ai entendue toute ma jeunesse quand je travaillais dans le jardin de mon grand-père. Je suis d'une autre génération", a tenté de justifier jeudi le célèbre parfumeur. C'était "une expression courante à l'époque".

"Quant à l'autre phrase, c'est une imbécilité de ma part, j'ai voulu faire rigoler la journaliste et je le regrette", a poursuivi le parfumeur de 75 ans, vêtu d'un de ses indéfectibles complets trois pièces. "Je suis tout sauf raciste", "j'ai été élevé dans une famille qui n'était absolument pas raciste", a encore martelé Jean-Paul Guerlain, racontant ses premières rencontres avec les Noirs américains qui, à la Libération, lui avaient fait "découvrir le chewing-gum et le Coca-Cola".

"Un trouble à l'ordre public"

"Je n'ai pas de raison de douter de la sincérité de ces regrets", lui a répondu le procureur Alexandre Auber. Mais, il est incontestable que ces propos, "injurieux et racistes", ont constitué "un trouble à l'ordre public". Le parquetier a aussi regretté que Jean-Paul Guerlain ait "enfermé la personne noire dans deux stéréotypes dégradants, contradictoires en apparence" : l'image de l'esclave noir exploité jusqu'à la mort et le cliché "condescendant, méprisant du fainéant pittoresque, du noir tire-au-flanc par nature".

Le procureur a requis à l'encontre du parfumeur une amende qui tienne compte de ses revenus, "de 7.500 euros au moins". Plus tôt, les parties s'étaient succédées pour dénoncer ce "racisme ordinaire", imprégné de clichés coloniaux.

Face à l'ancien "nez", de nombreux représentants d'associations de lutte contre le racisme (Licra, Mrap, SOS Racisme, Noir et Fier...) étaient présentes à l'audience.