Descoings, l'homme qui a changé Sciences Po

Richard Descoings a profondément réformé Sciences Po.
Richard Descoings a profondément réformé Sciences Po. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
PORTRAIT - Le directeur de Sciences Po Paris, mort mardi, a réformé l'institution.

En quatre mandats, il a profondément transformé le visage de Sciences Po Paris. Richard Descoings, mort mardi à New York dans des circonstances encore inexpliquées, était directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris depuis 1996. Sous sa direction, cette école prestigieuse est passée de 4.5000 à 10.000 étudiants et s'est notamment ouverte à des élèves issus de familles défavorisées, venant de lycées classés en ZEP.

Ce diplômé de grands lycées parisiens, de Sciences Po et de l'ENA a aussi permis la création de six campus de Sciences Po en province et l'ouverture de l'institution aux étudiants étrangers, qui représentent aujourd'hui 40% des étudiants. Richard Descoings a aussi créé une école de journalisme au sein de l'IEP et procédé à une hausse des droits d'inscription, tempérée par des bourses.

"Il a vraiment révolutionné Sciences Po", a salué Luc Chatel, ministre de l'Education, sur Europe 1, se souvenant l'avoir rencontré dans les années 90, lorsque, pas encore ministre, il travaillait dans le privé."Il nous avait expliqué que c'était important de recruter des profils différents, qui ne soient pas des clones", une démarche "très novatrice à l'époque".

Une mission sur la réforme du lycée

En 2007, il avait résumé son action dans un livre intitulé Sciences Po, de la Courneuve à Shanghai. Cet homme inventif et parfois provocateur a aussi travaillé avec Michel Charasse au ministère du Budget en 1991-1992, et aux côtés de Jack Lang, en 1992-1993, en tant que responsable des questions budgétaires de l'Education nationale.

En 2009, Nicolas Sarkozy l'avait en outre nommé à la tête d'une "mission" pour relancer la réforme des lycées, bloquée après des manifestations d'élèves. "Richard Descoings avait pris son bâton de pèlerin, pendant plusieurs mois, il est allé discuter avec les lycéens", s'est souvenu Luc Chatel. "C'est son travail qui m'a permis, en 2009, de mettre en place la réforme de notre lycée", a ajouté le ministre.

Réforme du concours d'entrée

Les étudiants, eux, parlent d'un directeur proche d'eux et qui leur a ouvert les portes d'une école qui semblait, pour certains, inaccessible.

Richard Descoings prônait "l'innovation en permanence". Participant régulièrement à des débats sur l'ouverture sociale de l'enseignement supérieur, il n'hésitait pas à bousculer les grandes écoles françaises, particulièrement frileuses en la matière.

Sa dernière initiative allait dans ce sens : il avait fait voter, ces dernières semaines, une vaste réforme du concours d'entrée à Sciences Po, supprimant notamment la sacro-sainte épreuve de culture générale.