Demongeot : Camaret "est un monstre"

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et Chloé Triomphe , modifié à
- L'ex-joueuse de tennis dénonce les viols présumés de son entraîneur.

"Ça va être dur mais je suis prête à terminer ce combat". La phrase est signée Isabelle Demongeot, l'ancienne élève de Régis de Camaret, entraîneur de tennis de nombreuses championnes françaises, jugé à partir de jeudi pour des viols et tentatives de viols présumés.

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Plus d'une vingtaine de ses anciennes élèves l'ont accusé devant la cour d'assises du Rhône d'attouchements sexuels et de viols à répétition commis entre les années 1977 et 1989. Mais la plupart de ces faits présumés sont prescrits car trop anciens, et seules deux siégeront sur le banc des parties civiles. Les autres seront entendues comme témoins.

"C'est très grave ce qu'il s'est passé"

Isabelle Demongeot, ancienne numéro 2 française et auteur du livre Service volé, fait partie de ces dernières. Interrogée par Europe 1, elle espère que "cet homme puisse payer fortement la note à la fin de ces assises". Et d'ajouter : "C'est très grave ce qu'il s'est passé. J'avais 13 ans et quelques mois et cet homme est un monstre."

"Le déclencheur, ça a été un médecin" :

Mais ce n'est que plusieurs années plus tard, 2005, qu'Isabelle Demongeot décide de porter plainte. "Le déclencheur, ça a été un médecin qui m'a rappelé à l'ordre quand j'avais 38 ans. Il m'a dit : 'si vous avez ce genre de séquelles, c'est parce que vous avez subi des violences sexuelles dans votre enfance'. Il m'a demandé si c'était mon père. J'ai dit : 'non'", rapporte-t-elle.

"Très fort dans sa manipulation"

Après avoir parlé avec son médecin, elle se décide alors à raconter aux policiers les viols à maintes reprises entre 1980 et 1989 par son entraîneur qui travaillait alors à Saint-Tropez. A l'époque, la fillette n'avait pas osé dénoncer les faits présumés de crainte de se voir privée d'entraînement.

"Il a été très fort dans sa manipulation, il a été très fort dans le choix de ses proies, il a été très fort pour qu'on pense que ça fasse partie du jeu et que pour être dans les meilleures joueuses du monde, il fallait passer par là", confie-t-elle.

"Il se rendait tellement indispensable"

De nombreuses autres femmes ont d'ailleurs ensuite déposé plainte, des anciennes élèves des centres d'entraînement de Saint-Tropez, de Bayonne ou de Capbreton. Toutes rapportant approximativement les mêmes faits, parlant de viols à répétition, alors quelles n'étaient âgées que de 12, 13 ou 14 ans.

Elles parlent de l'homme comme d'un "gourou", un "pervers", qui profitait de leur installation comme pensionnaires dans les centres d'entraînement pour s'infiltrer la nuit dans leurs chambres et abuser d'elles. "Il se rendait tellement indispensable à moi, à nous, qu'on ne voyait pas comment on pouvait faire sans lui. Les moments où j'ai refusé les moments de viols, j'en pâtissait sur le terrain. Il coachait davantage les autres pour me rendre jalouse finalement. J'ai souffert de ce chantage au quotidien, j'étais triste et malheureuse", poursuit-elle.

L'ex-championne se décrit aujourd'hui comme "brisée" par cette affaire et contrainte depuis de suivre une thérapie. Elle a eu l'occasion de raconter son histoire dans un livre intitulé Service volé, publié en 2007.