DSK : la colère des féministes

"Il y a un déni de justice (envers Nafissatou Diallo) parce qu'on ne va pas jusqu'au bout", a regretté la présidente de la Ligue du droit international des femmes mercredi.
"Il y a un déni de justice (envers Nafissatou Diallo) parce qu'on ne va pas jusqu'au bout", a regretté la présidente de la Ligue du droit international des femmes mercredi. © REUTERS
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Plusieurs associations regrettent qu'il n'y ait pas de procès. Europe1.fr a listé leurs arguments.

L'absence de procès au pénal dans l'affaire DSK-Diallo mécontente les féministes. "Il y a un déni de justice parce qu'on ne va pas jusqu'au bout", a ainsi déploré Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes et co-créatrice du comité Justice pour Nafissatou Diallo mercredi matin sur Europe 1. La principale association féministe aux Etats-Unis, la National Organization for Women (NOW) dénonce carrément une "grave erreur judiciaire". Plusieurs arguments mis en avant par le procureur pour abandonner les charges contre l'ex-président du FMI ont particulièrement choqué les féministes. Europe1.fr les passe en revue :

"Faut-il être une sainte pour porter plainte pour viol ?" L'argument du manque de crédibilité de l'accusatrice de DSK est unanimement rejeté par les féministes. "Nous sommes aujourd’hui très inquiets quant à la question qui était posée : est-ce qu’il faut aujourd’hui être une sainte pour porter plainte pour viol ?", s'est indignée Zyneb El Rhazoui, la porte-parole du mouvement Ni putes ni soumises mardi matin sur Europe 1. Sur le même terrain, Annie Sugier insiste sur le fait que l'"on a le point de vue de quelqu'un (le procureur) qui se base uniquement sur la crédibilité et ça, c'est très grave". Et la présidente de la Ligue du droit international des femmes de dénoncer : "ça veut dire que si on n'est pas quelqu'un de parfait, si on est une menteuse, si on a certains nombres de défauts, on ne peut pas être agressée".

"Se baser uniquement sur le crédibilité est très grave", dénonce Annie Sugier :

 

Osez le féminisme a publié un communiqué dans la même veine : "La 'crédibilité' des plaignantes, mot-clé des derniers mois, est en permanence remise en cause dans les affaires de viol. Or, nous le rappelons une fois encore, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise victime. Rien de ce qu'une femme a fait ou dit dans le passé ne devrait permettre de minorer la violence qu'elle a subie".

Les incohérences dans les récits de victimes de viols. Tout en concédant "ne pas avoir à se substituer à la justice" dans l'affaire DSK, l'association Ni putes ni soumises a tout de même fait valoir que les victimes de viol "sont détruites psychologiquement, elles souffrent dans leur chair et il est parfois difficile [pour elles] de fournir un récit cohérent. Aujourd’hui, nous essayons de travailler sur la formation des juristes, au concept de présomption de véracité qui n’est pas vraiment un concept juridique mais plutôt un concept philosophique et qui prend en compte cette réalité-là", a expliqué Zyneb El Rhazoui, porte-parole de l'association.

La relation "hâtive" ne passe pas. Alors que l'avocat de DSK a laissé entendre mercredi qu'il déconseillait à son client "de raconter ce qui s’est passé dans la chambre" du Sofitel, Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes, s'est dite profondément choquée que le procureur parle d'une relation "hâtive": "cela veut dire que l'on a deux individus qui ne se connaissent pas, l'un est le client d'un grand hôtel, l'autre une simple femme de ménage et, au simple coup d'oeil, il y a une relation ? Et ça n'est pas une agression sexuelle ça ?", s'agace la féministe. Plus mesurée, l'association Osez le féminisme s'est contentée de rappeler que l'on ne savait toujours pas "ce qui s'est passé" à New-York.