Cigarette électronique : une étude met en garde

Les cigarettes électroniques "ne sont pas aussi inoffensives" que le disent leurs fabricants et "peuvent émettre des composés potentiellement cancérogènes", assure la revue 60 millions de consommateurs.
Les cigarettes électroniques "ne sont pas aussi inoffensives" que le disent leurs fabricants et "peuvent émettre des composés potentiellement cancérogènes", assure la revue 60 millions de consommateurs. © REUTERS
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avec AFP et Sandrine Prioul , modifié à
Selon une étude de 60 millions de consommateurs, elles "peuvent émettre des composés potentiellement cancérogènes".

Les cigarettes électroniques "ne sont pas aussi inoffensives" que le disent leurs fabricants. Selon une étude réalisée par la revue 60 millions de consommateurs, certaines cigarettes électroniques "peuvent émettre des composés potentiellement cancérogènes". Le magazine révèle aussi des problèmes d'étiquetage, des défauts de fabrication et des taux de nicotine mensongers. La revue s'appuie sur des tests réalisés sur une dizaine de modèles de cigarettes jetables ou rechargeables.

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Des substances cancérigènes. Enseignement le plus inquiétant de cette étude : les vapeurs d'e-cigarettes contiennent des "molécules cancérogènes en quantité significative", indique le magazine, qui explique avoir utilisé une méthode inédite pour obtenir ces résultats. "Ainsi dans 3 cas sur dix, pour des produits avec ou sans nicotine, les teneurs en formol relevées flirtent avec celles observées dans certaines cigarettes conventionnelles", écrit la revue.

Des produits toxiques. Également décelée, l'acroléine, une molécule très toxique, émise en quantité très significatives par l'E-Roll. Selon l'étude, les cigarettes électroniques de cette marque comprennent "des teneurs qui dépassent même parfois celles que l'on peut mesurer dans la fumée de certaines cigarettes". Ceci vraisemblablement en raison d'un dispositif qui chauffe trop vite.

Quant à l'acétaldéhyde, classé cancérogène possible, les teneurs parfois loin d'être négligeables relevées restent très inférieures à celles observées avec les cigarettes de tabac. Des traces de métaux "potentiellement toxiques" ont été détectées dans Cigartex qui libère autant de nickel et de chrome qu'une vraie cigarette et dans la Cigway jetable qui libère plus d'antimoine, un élément chimique qui présente des propriétés intermédiaires entre celles des métaux et des non-métaux.

Des normes de sécurité pas respectées. Côté conception, les fabricants de cigarettes électroniques peuvent mieux faire. Le magazine dénonce, en effet, l'absence de bouchon de sécurité sur certaines recharges alors que la nicotine est particulièrement toxique pour les petits. "Ingérées, les doses élevées de certains produits de l'étude peuvent tuer un enfant", souligne Thomas Laurenceau, rédacteur en chef du magazine de l'Institut national de la consommation, interrogé par Europe 1.

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Des doses de nicotines mal indiquées. Le magazine relève aussi que la dose de nicotine des recharges liquides ne correspond pas toujours à ce qui est mentionné, avec des teneurs inférieures dans tous les cas. "Sur 10 liquides que nous avons testé, il y en a six qui n'étaient pas conformes à ce qu'ils annonçaient. Vous avez des taux de nicotine qui sont différents de 70% entre la valeur affichée et la valeur réelle", détaille Thomas Laurenceau. Autre défaut d'étiquetage : des produits annoncés "sans" propylène glycol qui en contienne ou des fabricants qui "oublient" de mentionner sa présence.

"Essayer de mieux contrôler ce produit". Thomas Laurenceau alerte donc les autorités sur les risques encourus par les "vapoteurs", soit par plus d'un millions de Français. "Quand on a un produit mal identifié et qu'on ne sait pas qu'il contient de la nicotine, ça peut poser problème. Quand on a un produit qui est mal fermé, ou une cigarette qui est trop chauffée, ça pause des problèmes de santé", s'alarme-t-il.

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Thomas Laurenceau incite donc à réglementer davantage la vente de ces cigarettes électroniques. "Il faut essayer de mieux contrôler ce produit, en faire quelque chose de sûr. On a vraiment du travail à faire, comme alerter les autorités sanitaires, la direction des fraudes. Il faut tout faire pour que la cigarette électronique soit la plus inoffensive possible et libérer le marché de toutes les cochonneries qui sont vendues par les uns et les autres", estime-t-il.

"Pas de haro sur la cigarette électronique." Ce dernier tient toutefois à préciser qu'il ne s'oppose en aucun cas à la commercialisation de cigarettes électroniques. "Nous ne pensons pas qu'il faut qu'il y ait haro sur la cigarette électronique. Au contraire, il y a des millions de personnes qui veulent arrêter de fumer, il y a 200 personnes qui meurent du tabac chaque jour et c'est un outil qui va peut-être leur permettre d'arrêter de fumer", commente le rédacteur en chef.