Bras de fer autour des carburants

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avec la rédaction d'Europe 1 , modifié à
Les déblocages ordonnés par l'Elysée vendredi font s'éloigner la crainte de pénurie.

La totalité des 12 raffineries de métropole étaient toujours en grève samedi, selon la CGT. Les salariés, en pointe dans le conflit sur la réforme des retraites, jouent samedi le durcissement dans l'espoir de faire plier le gouvernement. Mais le déblocage, ordonné par l'Elysée, de dépôts d'hydrocarbures vendredi, selon les informations révélées par Europe 1, et samedi semble éloigner la crainte de pénurie.

Les raffineries durcissent la grève

Point de départ de l'approvisionnement en carburant en France : ce sont désormais les douze raffineries françaises qui sont affectées par des grèves très suivies. Dix sont déjà à l'arrêt. Les six raffineries de Total "sont en manoeuvre d'arrêt", a précisé le groupe pétrolier.

Pour Charles Foulard, coordonnateur CGT du groupe Total, le but des grévistes n'est plus de faire la jonction jusqu'à une journée d'action programmée mardi mais d'aller jusqu'au bout. "Il y a un durcissement", explique-t-il. "On est parti et on ne s'arrêtera pas. On n'a pas arrêté 12 raffineries pour faire un baroud d'honneur jusqu'à la journée du 19. On va continuer jusqu'à ce que le gouvernement retire son projet de loi."

A l'autre bout de la chaîne, du côté des stations-service, plusieurs centaines sont dépourvues de carburant. Selon un porte-parole de Total, de 250 à 300 stations-service des quelque 4.000 du groupe étaient confrontées samedi à des difficultés.

Mais "le gouvernement confirme qu'il n'y pas de pénurie", a assuré la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. Il a autorisé jeudi le déblocage "des réserves propres des opérateurs" pétroliers "qui représentent entre 10, 12 jours de consommation".

A noter aussi que l'oléoduc approvisionnant en carburants les aéroports parisiens d'Orly et Roissy et ainsi que le sud de Paris a repris du service samedi en début de soirée.

Les dépôts pétroliers presque tous accessibles

La quasi totalité des 200 dépôts de carburants sont libres d'accès, a annoncé samedi l'Union française des industries pétrolières (Ufip) en assurant qu'il y a "suffisamment de stock dans les dépôts". Les forces de l'ordre ont évacué de nouveaux dépôts samedi matin.

Sur instruction de l'Elysée, les forces de l'ordre étaient déjà intervenues vendredi matin pour déloger les manifestants qui empêchaient les camions citernes de s'approvisionner aux dépôts de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, Bassens en Gironde et Cournon d'Auvergne dans le Puy-de-Dôme.

Deux autres dépôts de carburant de Basse-Normandie, bloqués tôt vendredi matin par des manifestants, avaient été débloqués vendredi en fin d'après-midi. Le dépôt de Ouistreham a été débloqué vers midi, les militants CGT, FO et de FSU ayant quitté d'eux-mêmes les lieux, ont indiqué les gendarmes et la CGT.

Le second dépôt, situé à Caen, avait été débloqué dans l'après-midi, après une intervention des forces de l'ordre qui s'est déroulée sans affrontements. Dans la matinée, c'est le dépôt de carburant près de Toulouse qui avait été à son tour débloqué par les gendarmes.

Quelques blocages encore

Mouvement inverse : à Rouen, un autre dépôt pétrolier est fermé depuis 6h30 vendredi matin, de source syndicale. Idem au Mans où 150 personnes sont mobilisées, notamment des militants CGT et FO ainsi que des enseignants Sud et FSU. Et à La Rochelle, en Charente-Maritime, où sont présents une quarantaine de militants CGT et CFDT, dont des dockers.