Arche de Zoé: des co-prévenus bien seuls

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Frédéric Frangeul et avec Chloé Triomphe et agences , modifié à
L'absence des deux principaux prévenus Eric Breteau et Emilie Lelouch a fait grincer des dents.

L'absence du fondateur de l'Arche de Zoé et de sa compagne a provoqué lundi une certaine frustration à l'ouverture du procès de l'association à Paris, cinq ans après la rocambolesque tentative d'exfiltration de 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour. La présidente du tribunal a estimé qu’Eric Breteau et Emilie Lelouch faisaient preuve d'une "grande lâcheté". Ils sont poursuivis pour "exercice illicite de l'activité d'intermédiaire pour l'adoption", "aide au séjour irrégulier" et "escroquerie" au préjudice des 358 familles accueillantes. Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison.

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"Ce que j’ai fait n’a rien d’illégal"

Lors de cette première journée d’audience, la présidente du tribunal, Marie-Françoise Guidolin, a souligné que les quatre autres membres poursuivis de cette "Arche qui s'est transformée en galère" s'étaient eux déplacés. Il s’agit du médecin Philippe van Winkelberg, du logisticien Alain Péligat, de la journaliste Agnès Pelleran et de Christophe Letien, un membre de l'association resté en France .

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Interrogé par Europe 1, Philippe van Winkelberg n’a pas voulu s’attarder sur le sort des absents. "Je ne suis pas là pour régler mes comptes. Je suis là pour qu'on entende mon innocence", a-t-il fait valoir . "Médecin depuis 20 ans dans mon village, personne ne peut croire que je suis un trafiquant d'enfants", a-t-il ajouté. "Ce que j'ai fait dans cette mission, ça n'a rien d'illégal : j'ai soigné des enfants qu'on m'a présenté comme des orphelins du Darfour".

Les parties civiles dépitées

L'un des avocat des parties civiles, qui ne voyait pas "comment le procès peut se tenir sans eux", a de son côté jugé "indispensable" d'utiliser "tous les moyens" pour qu'Eric Breteau et Emilie Lelouch soient là.

Pour les quatre bénévoles parties civiles au côté des familles d’accueil, c'est "une grande déception". "Ils étaient très étonnés de voir qu'après plusieurs années, Eric Breteau n'est finalement pas redescendu sur terre et se croit toujours au-dessus des lois", a estimé leur avocat, Me Jean-Baptiste Rozès. "Peut-être que l'image du valeureux chevalier masque une fragilité. Aujourd'hui il donne l'image de quelqu'un qui n'est peut-être pas si courageux que ça", a-t-il ajouté.

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Après une brève suspension, le tribunal a toutefois jugé qu'il n'y avait pas lieu de prendre des mesures coercitives pour les faire venir. Il a néanmoins fait savoir qu’il saurait tirer toutes les conséquences de leur absence au moment du jugement.

Venue de Nantes, Cécile Herdy, partie civile qui espérait adopter un enfant, attendait ce procès depuis cinq ans. "Mais il va sans doute être dur d'obtenir des explications", a-t-elle déploré. Le procès doit durer jusqu'au 12 décembre.