AF 447 : l'autopsie des corps va débuter

Le navire Ile-de-Sein, chargé de transporter les corps de victimes françaises, a abordé Bayonne jeudi, aux environs de 6h du matin.
Le navire Ile-de-Sein, chargé de transporter les corps de victimes françaises, a abordé Bayonne jeudi, aux environs de 6h du matin. © REUTERS
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avec Guillaume Biet, Stéphane Place et Alain Acco , modifié à
Les restes des 104 victimes du crash sont arrivés à Paris pour l'identification.

Les dépouilles de 104 des 228 victimes de l'accident du vol Rio-Paris, survenu le 1er juin 2009, sont arrivées vendredi matin à Paris pour le début d'un long processus d'identification. Après deux semaines de navigation sur l'Atlantique et une fin des opérations de repêchage en date du 3 juin par 3.900 mètres de fond dans l'Atlantique, un navire câblier affrété par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), L'Ile-de-Sein, est entré jeudi à l'aube dans le port de Bayonne, dans une atmosphère lugubre et pluvieuse.

A son bord, deux conteneurs renfermaient les débris de l'Airbus A330 d'Air France et deux autres, réfrigérés, les restes de victimes. Une petite cérémonie devait se tenir au moment du débarquement, sans présence ministérielle. Une panne a retardé l'opération de déchargement pendant quatre heures.

Les débris à Toulouse

Les débris de l'avion ont été rapatriés à Toulouse. Ils ont été entreposés jeudi, dans un hangar de la Direction générale de l'armement, s'ajoutant à ceux qui s'y trouvent depuis juillet 2009. Quant aux conteneurs des corps, ils doivent arriver par la route depuis Bayonne très tôt vendredi, pour être "ensuite conditionnés" dans un lieu tenu secret avant d'être transportés "dans la matinée" vers l'Institut médico-légal, selon une source proche de l'enquête.

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© EUROPE 1/Stéphane Place

Les autopsies débutent vendredi

L'institut médico-légal doit procéder vendredi aux premiers prélèvements d'ADN. "Ces données post-mortem seront corrélées aux données ante-mortem recueillies précédemment à partir du logiciel PlassData. La commission d'identification validera au sein de l'Institut Médico-légal ce travail d'identification pour permettre aux familles de se recueillir et d'inhumer leur défunt", indique l'institution dans un communiqué.

Afin d'assurer la surveillance de l'opération, que les familles souhaitent discrète, la préfecture de police a mobilisé "la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC)" et "la direction opérationnelle des services techniques et logistiques (DOSTL)".

Un long processus d'identification

Selon la gendarmerie, qui a conduit la remontée des dépouilles au large du Brésil, 104 dépouilles ont été "relevées" entre fin avril et début juin. Avec les 50 premiers cadavres retrouvés juste après l'accident du 1er juin 2009, au total 154 corps ont été repêchés. Les 70 autres dépouilles reposent dans l'épave de l'avion.

Les opérations médico-légales "vont être menées sous l'égide des deux magistrats" instructeurs parisiens Sylvie Zimmermann et Yann Daurelle chargés de l'enquête dans laquelle Air France et Airbus sont mis en examen pour homicides involontaires, a précisé le colonel François Daoust, chef de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Les pièces de l'avion seront transférées à Toulouse, dans un hangar de la direction générale de l'armement (DGA).

Des comparaisons entre dossiers ante et post-mortem

Comme pour d'autres catastrophes (accident du Concorde en 2000, tsunami en Asie en 2004, séisme en Haïti en 2010), la premières phase de l'identification des victimes repose d'abord sur le recueil de données auprès des familles pour constituer un dossier "ante mortem", a précisé à Europe 1 le colonel Daoust avant de préciser que ce fichier contiendra "des dossiers médicaux et des dossiers dentaires".

Ce dossier "ante mortem" sera ensuite comparé, grâce à un logiciel spécifique, aux données "post mortem" recueillies sur les dépouilles. Mais l'identification ne sera validée qu'après un passage devant "une commission d'experts", a indiqué François Daoust.

Ce processus prendra du temps. Au Brésil, il avait fallu deux mois pour identifier les 50 premiers cadavres retrouvés.

Les familles divisées

Les familles sont divisées face au retour des restes de leurs proches. Certaines souhaitent en effet récupérer un corps qui ne reviendra pas, tandis que d'autres recevront des dépouilles qu'ils auraient peut-être préféré laisser par 3.900 mètres de fond.