30 mois pour le frère usurpateur

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Patrice Griffaton, qui a volé l’identité de son frère durant 15 ans, a été condamné jeudi à Auxerre.

Pendant 15 ans, Patrice Griffaton s’est fait passer pour son frère Pascal. Et pendant 15 ans, il a multiplié les infractions et les délits, transformant la vie de son cadet en cauchemar. Jeudi, l’homme a été condamné à 30 mois de prison ferme pour usurpation d’identité par le tribunal correctionnel d’Auxerre. En outre, il devra verser 15.000 euros de dommages et intérêts à son cadet, ainsi que 1.000 euros à son épouse et 500 euros à chacun de leurs trois enfants.

"C'est une honte"

La peine est moins lourde que le réquisitoire de la procureure. La représentante du ministère public avait réclamé quatre ans de prison, soit la même peine à laquelle l'usurpateur avait été condamné par contumace lors d'un premier procès en avril, lors duquel il ne s'était pas présenté. "Pascal a été complètement vampirisé, dépossédé d'une vie qu'il ne maîtrisait plus," a souligné la magistrate."Plusieurs années à vivre sur le qui-vive, on comprend à quel point la situation peut être difficile".

Du côté de la victime, c’est la colère qui a pris le dessus à l’énoncé du jugement. "C’est que dalle, dans un an il est dehors", s’est emporté Pascal Griffaton au micro d’Europe 1. "C’est une honte. On m’a pris ma vie. On m’a tout volé. Je peux pas travailler, je ne peux plus conduire, je ne peux rien faire. Pardonner ? c’est impardonnable ce qu’il a fait. C’est un viol d’identité."

"Nos parents ont toujours préféré mon petit frère"

Patrice Griffaton, 38 ans, qui avait fait opposition à cette condamnation par contumace, n'a pas réagi à l'énoncé du jugement en début de soirée. "J'ai eu une mauvaise période avec l'alcool et la drogue, je ne sais pas ce que j'ai fait", a-t-il tenté de se justifier à l'audience, qui avait débuté en fin d'après-midi. "Pascal avait la place du chouchou. Nos parents ont toujours préféré mon petit frère", a-t-il ajouté.

Son avocat a préféré pointer les défaillances de l’Etat. "Il est passé entre les gouttes parce que personne n'a bien fait son travail: parquet, avocat, juge", a souligné Me Bernard Revest, mettant en avant la "dimension psychanalytique de cette affaire".