Elie Korchia 7:06
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Ophélie Artaud , modifié à
Depuis le 7 octobre et l'attaque du Hamas contre Israël, les tags, insultes et violences physiques contre des membres de la communauté juive se sont multipliés en France. Invité d'Europe 1 Matin, Elie Korchia, président du Consistoire central israélite de France, dévoile, en exclusivité, les chiffres alarmants du rapport 2023 sur l'antisémitisme.

Tags, violences, insultes envers la communauté juive... Depuis le 7 octobre et l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, les actes antisémites se sont multipliés en France. Invité d'Europe 1 Matin, Elie Korchia, président du Consistoire central israélite de France, a dévoilé, en exclusivité, le rapport 2023 sur l'antisémitisme, coproduit avec le ministère de l'Intérieur. Le constat est alarmant : 1.676 actes antisémites ont été recensés sur l'année 2023, contre 436 en 2022.

"Nous avons eu une tendance exponentielle d'actes antisémites depuis le 7 octobre : en trois mois, nous avons eu 1.000% d'augmentation par rapport à l'année précédente", détaille Elie Korchia au micro d'Europe 1. "En trois mois, nous avons eu en France ce que nous avions eu les trois dernières années sur le territoire français", ce qui correspond sur l'année 2023 "à une augmentation de plus de 300% en moyenne par rapport aux années précédentes".

"60% des actes antisémites" visent "les personnes"

D'autant que la majorité des actes antisémites visent "les personnes et non pas les biens", alerte Elie Korchia. "60% des actes antisémites sont des menaces, des insultes mais aussi des violences physiques", détaille le président du Consistoire central de France. La moitié de ces actes antisémites sont également commis "dans la sphère privée, c'est-à-dire à proximité de son domicile, de son immeuble".

Pour Elie Korchia, si les actes antisémites ont explosé depuis le 7 octobre, c'est parce que "les Français juifs sont des victimes collatérales directes dès qu'il se passe des choses au Proche-Orient". Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les violences contre la communauté juive augmentent en fonction de l'actualité nationale et internationale, explique le président du Consistoire central. "Sur les dix dernières années, on avait aussi connu [une situation similaire] après l'attentat de l'école Ozar-Hatorah de Toulouse en 2012", où les actes antisémites avaient augmenté "de plus de 200%", et "après l'attentat terroriste de l'Hypercacher en 2015", où les violences avaient bondi de "plus de 300%".

"Nous devons avoir une prise de conscience collective sur le sujet"

Autre inquiétude pour Elie Korchia : le fait que ces actes antisémites se multiplient à l'école. "On s'est rendu compte que l'école, qui était un univers un peu préservé, où il y avait une sanctuarisation de la République, ne l'est plus, et on voit une augmentation très importante" des violences contre la communauté juive. "Des enfants sont insultés, molestés, et pas seulement au collège ou au lycée, mais aussi en classe primaire."

Pour Elie Korchia, il est important de parler de ces violences contre la communauté juive, car "il y a un travail de prévention à faire, vis-à-vis de l'école et de nos jeunes. Ce qui est inquiétant aujourd'hui, c'est que ces actes sont quasiment sur tout le territoire national, il n'y a pas un département qui est épargné", alerte-t-il. Avant d'ajouter : "nous devons avoir une prise de conscience collective sur le sujet. Il y a des actions qui sont faites, mais je pense que tout le monde doit se sentir concerné. On ne peut pas juste dire 'c'est l'affaire des Juifs'. Quand on est citoyen français, on ne peut pas accepter que la France soit un pays où il y a autant d'antisémitisme au quotidien", conclut-il au micro d'Europe 1.