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Jonathan Grelier
Biologiste et chercheuse au CNRS, Emmanuelle Pouydebat vient de publier un ouvrage sur la sexualité chez les animaux intitulé "Sexus Animalus". Dimanche soir sur Europe 1, elle raconte trois réalités méconnues du monde animale : l'existence d'un pénis chez certains oiseaux, les orgasmes et l'homosexualité.

C'est un sujet qui peut prêter à sourire, mais qui fait pourtant l'objet de recherches scientifiques très sérieuses. Biologiste et chercheuse au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), Emmanuelle Pouydebat vient de publier un ouvrage sur la sexualité des animaux intitulé Sexus Animalus. Dimanche soir sur Europe 1, la scientifique détaille trois réalités que l'on retrouve chez les animaux, à savoir la présence d'un pénis chez certains oiseaux, l'existence des orgasmes et l'homosexualité.

"3% des oiseaux ont un pénis"

Citant l'exemple d'un mâle qu'elle a pu étudier au zoo de Thoiry, dans les Yvelines, Emmanuelle Pouydebat rappelle que l'autruche "fait partie des rares oiseaux à avoir un pénis". "C'est un mystère évolutif cette histoire du pénis chez les oiseaux, on ne sait pas pourquoi il n'y en a que 3% qui en ont", souligne-t-elle. Concernant l'autruche, il s'agit d'un "pénis érectile, donc ce n’est pas comme le baiser cloacal, cloaque contre cloaque, qu'on rencontre chez la plupart des oiseaux", notamment pour la reproduction, ajoute-t-elle.

La chercheuse cite un autre exemple "hallucinant", celui du canard "qui a un pénis en tire-bouchon". Cela n'empêche pas Emmanuelle Pouydebat de défendre "un sujet fascinant", voire "extrêmement sérieux et complexe" à propos des "coévolutions". "Il y a des coévolutions, c’est-à-dire des évolutions des organes masculins en fonction des organes génitaux féminins qui sont absolument incroyables. On ne sait pas trop dans quel ordre ça s’est déroulé mais c’est absolument fascinant", explique-t-elle.

Emmanuelle Pouydebat donne un autre exemple, celui "des vagins de certaines femelles qui subissaient des harcèlements, des viols, et qui ont développé des vagins à clapet, à labyrinthe, pour se défendre et sélectionner le sperme des partenaires".

L'homosexualité animale chez un très grand nombre d'espèces

L'homosexualité chez les animaux concerne par exemple les zèbres, les girafes, les gazelles, les moutons, les rats, ou encore les chimpanzés. Emmanuelle Pouydebat évoque "plus de 1.000 espèces" concernées, mais "certainement bien plus". "C’est assez fréquent, la bisexualité encore plus", précise-t-elle. "Ça existe énormément chez les oiseaux et c’est vrai qu’il y a aussi des cas de couples homoparentaux chez les animaux, je pense par exemple aux cygnes noirs."

La sexualité animale n'est pas seulement liée à la reproduction, mais aussi au plaisir

Dans le monde animal, le plaisir existe bel et bien, sans forcément qu’il y ait reproduction. "La masturbation existe, le cunnilingus aussi et il y a des preuves d’orgasmes dans le monde animal. C’est très sérieux, on a quantifié chez certaines espèces la fréquence cardiaque, les contradictions utérines, les communications ultrasonores, qui sont liées à du plaisir, et des libérations d’endorphine et d’opioïdes qui sont des molécules qu’on va retrouver aussi chez les humains au moment de l’orgasme", conclut la chercheuse.