PHOTO - Grâce à la bioluminescence, redécouvrons le ciel étoilé dans nos villes

  • Copié
Fanny Agostini, édité par Rémi Duchemin , modifié à
Les éclairages publics sont aujourd’hui si nombreux qu’il est impossible d’observer un ciel étoilé en pleine ville. Une solution existe, à la fois pour réduire l’empreinte carbone des millions de lampadaires, mais aussi pour mettre en place une lumière moins agressive : la bioluminescence. Fanny Agostini vous dit tout.

A la tombée de la nuit, lorsque l’obscurité recouvre l’horizon et que les ténèbres s’épaississent, il n’existe rien de plus apaisant qu’un ciel recouvert d’étoiles. Il suffit de plonger son regard dans l’infinité du cosmos pour comprendre à quel point tout dans cet univers a une place. Pourtant, il devient de plus en plus difficile d’observer ces astres étincelants qui naissent de l’effondrement de gigantesques nuages stellaires… En effet, la lumière produite par les villes est si intense qu’elle interfère directement avec celle des étoiles ; en résulte alors la disparition de ces dernières. C’est ce qu’on appelle la pollution lumineuse.

Neuf millions de lampadaires en France, quatre milliards dans le monde

L’éclairage artificiel a pris une place prépondérante dans notre vie, à tel point que chaque rue, chaque avenue, chaque trottoir possède un nombre incroyable de lampadaires et de candélabres. Bien qu’ayant transcendé l’Histoire de l’humanité, la lumière fabriquée des villes, en plus de la gêne visuelle qu’elle occasionne, est loin d’être une solution durable si nous souhaitons préserver notre planète.

En France, l’éclairage public représente 12% de la consommation électrique nationale avec neuf millions de lampadaires (quatre milliards dans le monde), alors que plus de 80% des ampoules encore en service sont obsolètes et ne correspondent plus aux normes européennes. Chaque année, cet éclairage public consomme 5,6 térawatts-heure, ce qui correspond à une production de 85.000 tonnes d’équivalent CO2. Il est donc primordial de nous tourner vers d’autres sources d’énergie lumineuses, plus durables et plus écologiques ; et l’une d’entre elles se trouve dans les profondeurs des océans.

Une start-up française en pointe sur la bioluminescence

L’évolution a accordé à certaines espèces, animales et végétales, le pouvoir de produire de la lumière, qu’on qualifie de "bioluminescente". Cette bioluminescence des organismes, qui a lieu grâce à une molécule appelée luciférine, est rencontrée principalement sous les mers. On estime d’ailleurs que 80% des espèces marines possèdent cette faculté extraordinaire.

En partant de l’observation de certains micro-organismes capables de produire cette lumière naturelle, une entreprise française, baptisée Glowee, a décidé de développer des systèmes d’éclairage urbains sans aucune empreinte carbone, et entièrement recyclables. Ces systèmes fonctionnent comme des aquariums ; ils contiennent des bactéries ayant la capacité de synthétiser la luciférine et potentiellement capables de se reproduire à l’infini ! Ce projet a d’ailleurs séduit la ville de Rambouillet, en île-de-France, qui va se métamorphoser dès l’année prochaine pour permettre à Glowee d’effectuer les premiers tests en situation concrète ; une révolution depuis l’invention de l’ampoule par Joseph Swan et Thomas Edison au 19ème siècle !

Les avantages de la bioluminescence ne s’arrêtent pas là : la lumière produite est moins agressive que celle des autres systèmes d’éclairage, et nous permet ainsi de nous régaler chaque soir du merveilleux spectacle que les étoiles nous offrent, un spectacle trop longtemps perdu pour ceux qui n’ont pas la possibilité de vivre loin des villes. Adieu la pollution lumineuse !