EN IMAGES - Ces lieux où le réchauffement climatique fait déjà des ravages

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Dans son "rapport spécial" publié lundi, le Giec pointe la nécessité d'agir rapidement pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Mais aujourd'hui, tous les pays sont déjà plus ou moins affectés.

Depuis la Révolution industrielle, les émissions de gaz à effet de serre générées par l'homme ont déjà fait grimper la température mondiale de 1°C. Si rien n'est fait rapidement, le réchauffement devrait même atteindre 1,5°C entre 2030 et 2052, ont alerté lundi les experts de l'ONU (Giec). Mais à certains endroits du globe, les ravages d'ordre climatique sont d'ores et déjà critiques, voire irréversibles… Et ne frappent pas que la banquise, loin de là.

La Grande barrière de corail, au large de l'Australie

Depuis la fin du 19ème siècle, la température de surface des eaux marines a progressé en moyenne de 0,8°C, et son niveau s’est élevé de 20 centimètres. L'océan est aussi de plus en plus acide. Pour les coraux, tous ces ingrédients forment un cocktail mortel. Selon une étude publiée dans la revue Science en janvier dernier, leur blanchissement s'est même multiplié par dix en moins de quarante ans.

Première zone touchée : la Grande barrière de corail, plus grand récif au monde avec ses 2.300 kilomètres de long au nord-est de l'Australie. Dans ce vaste ensemble, environ un tiers des coraux sont d'ailleurs morts durant la vague de chaleur survenue entre mars et novembre 2016, premier épisode de deux années consécutives de blanchissement.

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© Great Barrier Reef Marine Park / AFP

Et les nouvelles ne sont vraiment pas rassurantes. Le mois dernier, des chercheurs de l’université du Queensland, en Australie, et de l’université de l’Algarve, au Portugal, se sont rendu compte que les coraux dépérissaient également en profondeur, alors qu'on pensait leurs maux limités à quelques mètres. Le développement de l’industrie du charbon et du gaz accentue encore le phénomène.

Sous la pression du gouvernement australien, l’Unesco a toutefois renoncé à inscrire la Grande barrière de corail sur la liste du patrimoine mondial en péril

Le barrage de Glen Canyon, aux États-Unis

À l'origine, il avait été construit en 1963 pour retenir le lac Powell - le deuxième plus grand lac artificiel des États-Unis, alors victime de nombreuses crues. Mais alors que son niveau le plus haut a été atteint en 1980, beaucoup de choses ont changé depuis, dans le Colorado. Depuis 2012, la neige et les précipitations sont en effet anormalement basses car la région subit une sécheresse permanente. Selon la Nasa, le lac n’est ainsi rempli qu’à 42 % de ses capacités en raison de cette sécheresse et de l’utilisation abusive de son eau, destinée aux habitants du Nevada, de l’Arizona et de la Californie… Pourquoi ? Parce qu'avec les fortes chaleurs, leurs besoins en eau ont augmenté.

Témoignage de ces bouleversements, les énormes marques blanches laissées sur ses berges, qui s'érodent dorénavant.

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© JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

La ville de Saint-Louis, au Sénégal

Au Sénégal, c'est tout le contraire. Cette fois, les dégâts sont dus à la montée des eaux, notamment dans la ville de Saint-Louis, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Dans la première ville fondée par les Français en Afrique subsaharienne, aujourd'hui peuplée de 170.000 âmes, l'érosion menace. La brèche creusée en 2003 à l'initiative du gouvernement et censée lutter contre les crues fluviales s'est élargie sous la force des vagues de l'Atlantique. Trois villages ont déjà été engloutis et de nombreuses maisons grignotées par le sel. Des destructions "en partie liés aux changements climatiques", selon le géologue Pape Goumbo Lô, et aggravées par l'urbanisation en zones inondables. 

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© SEYLLOU / AFP

La Mer de Glace, en Haute-Savoie

Parfois, les images et les chiffres valent mieux que les mots. C'est le cas dans les Alpes, où le thermomètre grimpe deux à trois fois plus rapidement qu'ailleurs. Le plus grand glacier de France - 32 km² sur le Mont-Blanc - a ainsi perdu 2,5 km de longueur et plus de 150 m d'épaisseur depuis 1830.

Le montage ci-dessous, qui confronte un cliché des années 1940 à un autre pris en 2003 à Chamonix, confirme cette évolution, qui s'est même accélérée ces dernières années, selon les mesures du laboratoire de glaciologie de Grenoble.

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© JEAN-PIERRE CLATOT / AFP

Le Kilimandjaro, en Tanzanie

Sans parler de l'Alaska, de l'Arctique ou de l'Antarctique, le phénomène de fonte est également sensible en Afrique, où le glacier du Kilimandjaro a perdu 80% de sa surface en un siècle, dont un quart entre 2000 et 2007.

Une image satellite capturée par la Nasa montrait déjà en février 2000 l'évolution du mont depuis 1993. Les plus hauts pics, qui auraient plus de 10.000 ans, pourraient même disparaître d'ici 2030, notait en 2013 le chercheur Pascal Sirguey, lors d'une conférence de l'Union américaine de géophysique.

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© NASA / AFP

Le Bangladesh

Aucun coin de la planète ne semble épargné par le réchauffement climatique. Et le Bangladesh fait aujourd'hui partie des pays les plus vulnérables. Ici, les cyclones - leur lien avec la hausse des températures reste néanmoins à prouver scientifiquement - surgissent tous les deux-trois ans, contre vingt auparavant, les inondations sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus puissantes, comme ici en 2004 à Dacca.

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© FARJANA K. GODHULY / AFP

Pour ces mêmes raisons, l'État du sous-continent indien pourrait perdre 20% de son territoire d'ici 2050. Et plus les eaux avancent, plus les hommes reculent. À cette date, les "réfugiés climatiques" pourraient être 50 millions dans le pays…