Les abeilles ont été beaucoup moins dérangées par l'activité humaine pendant le confinement (photo d'illustration). 5:26
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Margaux Lannuzel
"Je me suis rendu compte qu'après une semaine de confinement, j'étais déjà en retard par rapport aux rentrés de nectar quotidiennes de mes butineuses", témoigne sur Europe 1 l'apiculteur Pierre Stéphan, installé à Lichtenberg, dans le Bas-Rhin et dont les récoltes de miel ont explosé à mesure que l'activité humaine décroissait. 
INTERVIEW

C'est un effet inattendu du confinement : les mesures de restriction de l'activité humaine ont laissé le champ libre à la nature... Et donc aux abeilles. "Je me suis rendu compte qu'après une semaine, j'étais déjà en retard par rapport aux rentrées de nectar quotidiennes de mes butineuses", témoigne sur Europe 1 Pierre Stéphan, apiculteur à Lichtenberg, dans le Bas-Rhin. 

 

"Des aller-retours incessants, toute la journée"

Installé depuis vingt ans et propriétaire de 300 ruches, Pierre Stéphan observe l'effet le plus important "sur un site où il y a des chemins de randonneurs, où il y a l'exploitation forestière, où il y a des pistes cyclables et d'habitude beaucoup de vélos, de touristes, de trafic". Le confinement a, de fait, fait cesser toute activité. "Les abeilles ne sont pas dérangées et font des aller-retours incessants toute la journée."

Résultat : une production de miel de fleurs de printemps - aubépines, pissenlits, saules - plus que dopée. "Sur certains sites j'ai du rajouter des réhausses, des compartiments dans les ruches", explique l'apiculteur. Sur l'un de ses rucher, Pierre Stéphan a même récolté jusqu'à 40 kg de miel par ruche. "D'ordinaire, je suis de l'ordre de 10-15 kg." 

"J'ai même dû prélever des abeilles"

L'apiculteur souligne que la météo alsacienne, favorable, a aussi pu jouer dans cette augmentation. Mais il est certain qu'elle est avant tout liée au confinement. "Les abeilles peuvent être percutées par des voitures, écrasées par des piétons... Ce sont des choses qu'on ne soupçonne pas", explique-t-il. "Si vous avez une disparition des butineuses qui ne rentrent pas à la ruche, cela crée un déséquilibre."

 

 

Depuis le 17 mars, il observe au contraire "des ruches beaucoup plus vigoureuses, pleines d'abeilles, qui débordent". "J'ai même du prélever des abeilles pour faire des essaims", conclut Pierre Stéphan.