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Gauthier Delomez
À l'approche des fêtes de fin d'année, le variant Omicron du Covid-19 sème le trouble partout dans le monde et en France. Dans l'émission "Europe Midi", l'épidémiologiste Didier Pittet et le chef d'un service de réanimation, Jean-François Timsit, ont fait le point avec Romain Desarbres sur la situation sanitaire dans le pays.

Va-t-il jouer les trouble-fêtes en cette fin d'année ? Le variant Omicron du Covid-19 se propage partout dans le monde et en France, laissant craindre un afflux de patients dans les hôpitaux déjà très sollicités depuis le début de la crise sanitaire. Dans l'émission Europe Midi mardi, Didier Pittet, épidémiologiste et médecin-chef du service de prévention des infections des Hôpitaux de Genève, et Jean-François Timsit, chef du service de réanimation médicale et infectieuse à l'hôpital Bichat à Paris, ont partagé leurs expériences dans leurs services respectifs au micro de Romain Desarbres.

L'épidémiologiste Didier Pittet confirme d'abord que, selon les dernières études, le variant Omicron est "trois fois plus contagieux" que le variant Delta du Covid-19, lui-même étant au moins deux fois plus contagieux que les précédents virus. Toutefois, il est encore difficile d'évaluer sa dangerosité. "Les données cliniques manquent encore pour savoir s'il est plus ou moins dangereux que le variant Delta", affirme-t-il sur Europe 1, certain que ce variant venu d'Afrique du sud se traduira par "un nombre de patients admis dans les hôpitaux".

Un variant à l'origine de "macro-clusters"

Si les données "manquent" sur Omicron, Didier Pittet assure en revanche que "ce variant est moins sensible à la fois à la vaccination et à l'infection naturelle que le variant Delta. D'où l'importance d'aller le plus rapidement possible à la dose de rappel. Parce que cette troisième dose restitue, entre guillemets, la capacité de la plupart des vaccins à éviter l'infection grave au variant Omicron". Tout cela ne veut pas forcément dire qu'une personne doublement vaccinée n'est pas protégée, mais elle le sera moins qu'en ayant reçu une dose de rappel.

Didier Pittet ajoute que ce dernier variant a été documenté "comme étant capable de faire des 'macro-clusters', c'est-à-dire des grosses épidémies localisées notamment en Norvège, au Danemark, à différents endroits". Mais pour éviter cela, les gestes barrières restent primordiales, assure-t-il. " Si on retourne aux bonne vieilles habitudes et qu'on les applique de la manière la plus rigoureuse possible, le variant ne se propage pas", ajoute Didier Pittet, qui ne se dit pas "inquiet" pour la période des fêtes de Noël, en espérant que les Français se fassent tester massivement avant les retrouvailles familiales.

"Le nombre de lits disponibles (en réanimation), c'est zéro ou un" à l'hôpital Bichat à Paris

Une situation sanitaire qui est cependant déjà tendue à l'hôpital Bichat à Paris. "Le nombre de lits disponibles, c'est zéro ou un, avec environ un tiers de patients atteints du Covid et deux tiers à d'autres maladies", explique Jean-François Timsit, chef du service de réanimation médicale et infectieuse de l'établissement. Mais le médecin, qui ne compte pour l'instant aucun malade du variant Omicron, souligne qu'aucun d'entre eux n'a atteint "des taux de gravité importants". Il s'attend à en recevoir d'ici une dizaine de jours, avec la propagation du nouveau variant en Île-de-France.

Jean-François Timsit pointe du doigt les personnes non-vaccinées, qui occupent 4/5 de sa patientèle. "Le dernier cinquième correspond à des gens qui ont des transplantations d'organes, une immunodépression sévère, qui sont incapables de créer des anticorps et qui, malgré trois doses de vaccin, ne sont pas protégées", indique-t-il. Pour lui, les personnes qui ont choisi de ne pas recevoir de dose de vaccin, c'est "suicidaire et irresponsable". "Il faut une solidarité nationale et un effort collectif", appelle Jean-François Timsit, favorable à une vaccination obligatoire.