Un traitement pour le stress post-traumatique bientôt étendu aux chagrins d'amour ?

Des médecins français sont formés pour traiter les ruptures amoureuses avec la "pilule de l'oubli".
Des médecins français sont formés pour traiter les ruptures amoureuses avec la "pilule de l'oubli". © pixabay.com
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Un psychiatre et chercheur canadien forme des médecins français à l'application d'un traitement à base de "pilule de l'oubli", déjà utilisé pour les victimes de stress post-traumatique, mais pour surmonter les ruptures amoureuses particulièrement douloureuses.

Le Propranolol, parfois surnommé la "pilule de l'oubli", était déjà utilisé comme traitement expérimental pour aider les victimes des attentats à surmonter leurs traumatismes. Et son usage pourrait bientôt être étendu... aux chagrins d'amour. Un psychiatre canadien, Alain Brunet, commence en effet à former des médecins français pour appliquer le même traitement aux personnes choquées par une rupture amoureuse, rapporte Le Parisien jeudi

Déjà utilisé pour les victimes d'attentats. Le Propranolol est un bêtabloquant qui permet, petit à petit, d'atténuer la charge émotionnelle d'un souvenir traumatique. "Puisque le trauma émane d'un souvenir émotionnel, au fur et à mesure que l'émotion s'efface, les symptômes de stress post-traumatique s'évanouissent", avait expliqué Alain Brunet au micro d'Europe 1 en 2017. "On obtient des résultats comparables à une psychothérapie ou pharmacothérapie, en moins de temps", avait-il ajouté.

Un champ d'application élargi aux ruptures amoureuses. En France, il est utilisé à titre expérimental par 360 victimes d'attentats, de celui du 13-novembre à celui de Nice. Au Canada, le protocole a été étendu aux victimes de stress post-traumatique provenant d'une rupture amoureuse. Anne, une Française installée au Québec, assure dans les colonnes du Parisien : "Ce médoc m'a sauvé la vie" après un divorce très douloureux.

Un usage autorisé ? Depuis janvier, Alain Brunet forme des médecins français à ce traitement. Néanmoins selon le Code de Santé publique, un médicament ne peut pas faire l'objet d'une prescription pour un usage qui ne correspond pas à son autorisation de mise sur le marché. Mais cela reste possible en l'absence d'"alternative médicamenteuse appropriée".

Par ailleurs, un rapport parlementaire de 2011 établissait ce type de prescription détournée à 15 ou 20% des ordonnances. Il arrive également que cette pratique pousse l'Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) à autoriser a posteriori cet usage.