Épuisés par des semaines de lutte en première ligne contre le coronavirus, de plus en plus de soignants ont besoin d'un soutien psychologique. 1:40
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Jihane Bergaoui, édité par Mathilde Durand , modifié à
Épuisés par des semaines de lutte en première ligne contre le coronavirus, de plus en plus de soignants ont besoin d'un soutien psychologique. Certains sont atteints de troubles pouvant aller jusqu'au syndrome post-traumatique, provoquant des hallucinations, des cauchemars.

C'est un trouble souvent observé après une guerre ou un attentat qui touche aujourd'hui le personnel soignant. Le syndrome de stress post-traumatique peut aussi frapper ceux qui luttent en première ligne depuis des semaines contre le coronavirus et qui ont perdu des patients. La crainte d'une deuxième vague est d'autant plus forte. Au travail éprouvant s’ajoute la peur d’être contaminé ou de ramener le coronavirus au sein de son foyer. "Psychologiquement je suis fatiguée et apeurée", témoigne Audrey, infirmière à Lille.

2.500 appels pour un soutien psychologique en un mois

"On tient des postes de 12 heures, forcément nous tombons de fatigue, c’est le cas de le dire", poursuit la jeune femme. Cet épuisement pousse des soignants à contacter des plateformes de soutien psychologique. En un mois, l’association Soin aux Professionnels en Santé (SPS) a reçu plus de 2.500 appels, autant qu'en deux ans. Les professionnels craignent que cela empire, à la sortie du confinement. 

"Quand le rideau se ferme il n’y a plus rien, ça c’est le grand vide, la dépression que vont faire beaucoup de soignants d'avoir donné beaucoup", s'inquiète le président de l'association SPS, Eric Henry. "Il faut vraiment être bien accroché pour passer à travers tout ça sans cicatrices."

Des événements vécus en boucle 

Souffrances, hallucinations, cauchemars sont des signes du stress post-traumatique. Le soignant revit un événement en boucle. "L’événement se revit en image, en son, toujours vécu avec la même charge émotionnelle, qui finit par être très toxique", analyse Nathalie Prieto, psychiatre. 

Ces experts plaident pour la mise en place de dispositifs dans chaque hôpital mais aussi pour les soignants qui exercent dans les Ehpad ou en libéral. Des sas de décompression anonyme et confidentiels pour évacuer cette charge émotionnelle.