"Les personnes trop perfectionnistes cherchent sans cesse l'excellence, mais ils n'ont jamais l'impression d'en faire assez", explique la psychologue Juliette Marty. 1:58
  • Copié
Laetitia Drevet
"Les personnes trop perfectionnistes cherchent sans cesse l'excellence, mais ils n'ont jamais l'impression d'en faire assez", explique Juliette Marty, psychologue invitée jeudi de Sans Rendez-vous sur Europe 1. Auteure d'un livre sur cette pathologie, elle explique comment en venir à bout.
INTERVIEW

Vouloir faire toujours plus, toujours mieux… Sans jamais trouver satisfaction. "Les personnes trop perfectionnistes cherchent sans cesse l'excellence, mais n'ont jamais l'impression d'en faire assez", explique Juliette Marty, psychologue invitée jeudi de Sans Rendez-vous sur Europe 1. "Ces personnes souffrent d'un paradoxe : si elles réussissent, elles attribuent leur succès à un coup de chance et si elles échouent, elles pensent qu'elles ne valent rien." Dans son récent livre Et si vous étiez trop perfectionniste ? (Eyrolles), elle livre quelques conseils pour changer d'état d'esprit. 

Quels sont les signes ?

Selon Juliette Marty, il existe plusieurs types de perfectionnismes. "Le premier est plutôt positif. On se fixe des objectifs hauts mais qui restent atteignables. Et on arrive à se réjouir une fois qu'on les a atteint. Le second est plus problématique. On se fixe des objectifs beaucoup trop compliqués à atteindre. On vit alors dans l'insatisfaction permanente", explique la psychologue. 

Les personnes trop perfectionnistes peuvent avoir tendance à procrastiner, non par flemme mais par crainte de ne pas être à la hauteur. "On va par exemple rendre un devoir très tard en se disant, consciemment ou pas, que si le résultat n'est pas bon on pourra attribuer cet échec au fait que l'on a pas pris assez de temps pour le faire." Les personnes trop perfectionnistes peuvent finir par voir leurs ambitions compromises par crainte de l'échec. 

D'où vient le perfectionnisme ?

Le perfectionnisme exacerbé peut avoir plusieurs causes. "Il peut résulter d'un apprentissage direct pendant l'enfance. En récompensant les enfants quand ils ont de bonnes notes, les professeurs et les parents peuvent les pousser à y accorder trop d'importance", souligne Juliette Marty. L'autre origine du perfectionnisme est "indirecte", explique la psychologue. "Il résulte alors d'un entourage qui fait beaucoup de choses et l'enfant veut absolument l'imiter."

Si le perfectionnisme se fait le plus souvent sentir dans le milieu professionnel, il peut aussi affecter les relations amicales et familiales. "Les personnes perfectionnistes se mettent souvent en tête d'être le meilleur conjoint ou le meilleur ami possible, avec en tête une image dévoyée de ce que cela veut dire", pointe la psychologue, qui ajoute : "Une fois qu'on a trouvé leurs racines, il faut donc se débarrasser de ces croyances dysfonctionnelles."

Une fois que l'on a mis des mots sur ce trouble, il faudra compter plusieurs semaines voire plusieurs mois pour en venir à bout. "Il faut avancer pas à pas, sans se mettre trop de pression", rappelle Juliette Marty. Il convient d'aller à son rythme, en gardant à l'esprit que toute anxiété ne disparaitra pas d'un coup de baguette magique. "Il peut y avoir des périodes de stress lors desquelles le perfectionnisme revient. L'idée est d'apprendre à repérer les signaux d'alerte."