Les deux petites filles étaient reliées par l'abdomen.
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avec Jean-Luc Boujon et AFP , modifié à
Le Pr Pierre-Yves Mure, l'un des chirurgiens lyonnais qui a séparé le 13 novembre deux siamoises camerounaises, a dit souhaiter leur retour dans leur pays natal "avant la fin de l'année". L'une d'elles doit encore subir une opération cardiaque.

"Notre souhait est que les deux enfants rentrent au Cameroun avant la fin de l'année si c'est possible", a déclaré lors d'une conférence de presse le Pr Pierre-Yves Mure, chef de service adjoint en chirurgie pédiatrique à l'hôpital Femme Mère-Enfant de Bron, près de Lyon.

Nées le 6 novembre 2018 au Cameroun, Bissie et Eyenga Merveille, deux sœurs siamoises qui étaient reliées par l'abdomen avec une partie du foie en commun, ont été séparées le 13 novembre durant une opération "très technique" qui a duré cinq heures. La date de leur retour va dépendre de la probable intervention chirurgicale que doit encore subir l'une d'elles, qui souffre d'une "cardiopathie relativement sévère".

Une séparation physique et psychologique

Dans le bloc opératoire, au moment de leur séparation, "il n'y avait pas un mot mais tout le monde se comprenait, on avait fait notre boulot et il y a eu quelques larmes" d'émotion à l'issue, a décrit le chirurgien. À leur réveil, les deux sœurs ont été placées dans un lit unique où elles "ont repris leur position naturelle comme avant leur opération", selon la réanimatrice, Solène Rémy. "On leur parlait en français, des mots doux, des mots simples, aller dans le contact... On les a fait se toucher, la présence de la maman les a rassurées. C'était assez émouvant", raconte-t-elle encore. Et "petit à petit, on a pu les séparer physiquement et psychologiquement." "Au début on a respecté cette position, et puis progressivement avec l'aide de la maman on a pu les séparer, et hier j'ai croisé Eyenga dans les couloirs qui était seule et ne pleurait absolument pas", ajoute le professeur Mure.

Pour le pédopsychiatre Hugues Desombre, "c'est une deuxième naissance pour elles, d'une certaine manière, et c'est un chemin de tous les jours". Alain Deloche, fondateur de la Chaîne de l'Espoir qui assure la logistique autour de la venue des fillettes en France, a pour sa part souligné "le lien mystérieux entre ces deux petits êtres". Les fillettes, ainsi que leur mère, sont toujours à l'hôpital, dans une chambre protégée, l'une étant sortie administrativement d'hospitalisation, tandis que la plus fragile nécessite toujours des soins de renutrition et doit subir la semaine prochaine des examens complémentaires en lien avec sa malformation cardiaque, a précisé le Pr Mure.