La phytothérapie s'appuie à la fois sur des savoirs ancestraux et des études scientifiques. 1:19
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Laetitia Drevet
Peut-on se soigner à l'aide de plantes plutôt qu'avec des médicaments chimiques ? Quelles plantes utiliser, sous quelles formes et pour quelles pathologies ? Europe 1 fait le point mercredi avec Pierre Champy, responsable phytothérapie à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry. 

Et si les plantes pouvaient, dans certains cas, remplacer nos médicaments chimiques ? La médecine par les plantes, ou phytothérapie, est une approche ancestrale, dont l'étude scientifique remonte au 19eme siècle. "Beaucoup de données semblent corroborer la tradition", affirme Pierre Champy, responsable phytothérapie à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry, invité mercredi de Sans Rendez-Vous sur Europe 1. Mais attention, si naturelles qu'elles soient, les plantes médicinales comportent des risques. Quelles plantes utiliser et pour quelles pathologies ? Quelles sont les précautions à prendre avant de s'en servir ? Europe 1 fait le point.

Les plantes sont-elles considérées comme des médicaments ?

La plupart des plantes médicinales sont commercialisées sous forme de compléments alimentaires, mais certaines, dont l'efficacité a été prouvée scientifiquement, sont considérées comme des médicaments. "200 plantes peuvent revendiquer le statut médicamenteux, donc entrer dans la composition de médicaments", précise Pierre Champy. Parmi elles, on trouve la valériane pour le sommeil, la passiflore pour l'anxiété et l'irritabilité, et le houblon pour la digestion.

"Certaines molécules, qui ont une activité biologique dans les végétaux, peuvent agir comme des médicaments classiques. L'opposition plante-médicaments chimiques est plutôt idéologique", affirme Pierre Champy. Comme pour les médicaments classiques, il convient de s'adresser à un spécialiste avant de les utiliser. 

Sous quelles formes les utiliser ? 

Toutes les formes de phytothérapies n'ont pas la même efficacité. "La valériane, par exemple, est plus efficace sous forme d'extrait hydroalcoolique qu'en tisane", conseille Pierre Champy. La grande majorité des plantes médicinales en Europe sont commercialisées sous forme de pilules, en compléments alimentaires. "Les exigences en termes de qualité sont moins importantes pour les compléments alimentaires que pour les médicaments", prévient toutefois Pierre Champy.

Attention donc à vérifier leur provenance si vous les achetez sous forme de cachets. Pierre Champy conseille de ne jamais s'en procurer sur Internet : certains produits contiennent en fait des composants chimiques parfois interdits à la vente, censés faire maigrir ou soigner les troubles de l'érection. 

Les plantes ont-elles des effets indésirables ? 

Oui. D'où l'importance de s'adresser à un professionnel et de ne pas s'auto-médiquer. "Les plantes peuvent avoir des interactions avec des médicaments dans l'organisme et cela peut poser de graves problèmes", avertit Pierre Champy. Les compléments à base de pamplemousse, par exemple, peuvent interagir avec "la moitié des médicaments sur le marché", explique-t-il, notamment les anticancéreux, antidépresseurs, antiépileptiques... 

La phytothérapie est encore peu documentée et l'utilisation de certaines plantes repose davantage sur des théories empiriques que sur des preuves scientifiques. C'est notamment le cas des possibles vertus anti-cancer du curcuma. Certains patients ont noté une plus grande efficacité de leur traitement après en avoir consommer ou une diminution des effets secondaires. Mais d'autres font part d'interactions médicamenteuses indésirables.