Les pharmaciens vont-ils pouvoir délivrer des médicaments sans ordonnance ? "Ça n'est pas raisonnable" plaident les médecins

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Eve Roger, édité par Ugo Pascolo
Le député urgentiste LREM Thomas Mesnier va déposer un amendement pour permettre aux pharmaciens de délivrer des médicaments habituellement sur ordonnance. Une idée poussée par l'ordre des pharmaciens qui fait bondir les médecins. 

Délivrer des médicaments habituellement prescrits sur ordonnance, la pratique se fait déjà plus ou moins chez certains pharmaciens. Mais elle pourrait devenir officielle avec l'amendement que compte déposer le député urgentiste LREM Thomas Mesnier. Un amendement poussé par l'ordre des pharmaciens, mais qui n'est pas du goût des médecins.

"Dépanner le patient". En délivrant certains médicaments, l'idée n'est pas de remplacer le médecin : la mesure serait limitée à de petites pathologies, comme les angines, rhinites, conjonctivite ou encore les cystites, le tout dans un cadre strict fixé par la haute autorité de Santé. "On peut dépanner le patient, c'est important parce que souvent ils n'ont pas le temps, ouùc'est le week-end", estime Sonia, pharmacienne. 

 

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Désengorger les urgences. "Ça peut par exemple dépanner pour les diarrhées ou les allergies alimentaires", ajoute-t-elle au micro d'Europe 1. Mais l’argument choc des pharmaciens est de désengorger les urgences médicales. "Actuellement, si un patient me dit qu'il n'a pas accès à son médecin traitant, je le renvoie souvent vers SOS médecin ou les urgences", déplore la pharmacienne. Urgences qui ont dû faire face à de fortes sollicitations alors que le pic de la grippe a été franchi fin février dans toutes les régions

Entendu sur europe1 :
Le pharmacien est une sécurité sanitaire et il ne faut pas lui faire changer de métier

"Une dégradation de la prise en charge des patients". Si l'argument a un certain poids, il ne fait pas faiblir l'opposition à cet amendement. "C'est vraiment une dégradation de la qualité de prise en charge des patients, et pour moi c'est vraiment scandaleux", peste Jean-Paul Hamon, président de la fédération des médecins de France. "Les députés feraient mieux de redonner envie aux jeunes médecins de s'installer et certainement pas saucissonner le métier !", ajoute-t-il. Mais au-delà de la polémique, le médecin estime qu'il y a un véritable risque pour la santé des patients.

"Les pathologies décrites nécessitent des examens cliniques, et même si ce n'est pas très long il faut pouvoir palper les fausses lombaires et vérifier que la personne ne prend pas d'autres médicaments ou qu'elle n'a pas d'allergies", plaide-t-il, avant de conclure : "Tout ça n'est pas raisonnable, pour moi le pharmacien est une sécurité sanitaire et il ne faut pas lui faire changer de métier".