Médicaments sans ordonnance : "ce n’est pas très dangereux"

Philippe Even 1280
Philippe Even était l'invité d'"Europe Soir" mardi. © Europe 1
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M.Be , modifié à
S'il reconnaît que les médicaments vendus sans ordonnance sont inefficaces, le professeur Philippe Even assure toutefois qu'ils ne sont pas dangereux pour la santé.
INTERVIEW

Le professeur Philippe Even, médecin pneumologue et auteur du Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles et dangereux, a pris le contre-pied mardi sur Europe 1 de la "liste noire" des médicaments vendus sans ordonnance et à proscrire publiée par 60 Millions de consommateurs. "Ce n’est pas très dangereux, à part quelques-uns. Ils sont dangereux pour les très jeunes et les plus de 75 ans, mais pour les autres, les gens actifs, les dangers sont vraiment minimes", rassure le médecin, alors que le magazine affirme que 45% des 62 médicaments passés au crible seraient "dangereux".

Des médicaments inutiles. Le médecin reconnaît toutefois que cette liste "ne le surprend pas", au vu de l’inefficacité de ces médicaments. Prenant le cas de l’Exomuc, prescrit en cas de toux grasse, Philippe Even confirme que ce médicament "ne sert à rien". "Des études ont été faites : on a traité des gens avec de l’Exomuc et d’autres avec un placebo. On a comparé et les résultats étaient les mêmes", précise-t-il. Le médecin tient toutefois à nuancer : "d’autres médicaments, comme des décongestionnants nasaux sont efficaces." Il cite également le Strepsils qui est réellement actif car il permet d’endormir la douleur.

Fusionner médecins et pharmaciens. Pour réduire la tendance des consommateurs à se tourner trop facilement vers les médicaments en libre-service, Philippe Even propose de décloisonner le travail des médecins et des pharmaciens. "À mon sens, la division des deux professions n’est plus justifiée. Tout devrait être fait pour, sinon de les fusionner, au moins de les rapprocher", prône celui qui estime que les pharmaciens "ont l’expérience" pour avoir un droit de prescription.  

Un juteux business. D’autant que les laboratoires, souligne encore le professeur, profitent de ce marché des médicaments en libre-service pour gonfler les prix : "les laboratoires sont malins. C’est eux-mêmes qui demandent que leur médicament ne soit pas remboursé, car dans ce cas le prix est libre et il peut être multiplié par deux, par trois… Alors qu’un médicament remboursé, le laboratoire doit s’adapter au prix imposé par l’État." Et le médecin de donner un chiffre : "les dépenses de médicaments représentent 36 milliards en France, dont la plus grande partie est remboursée par la Sécu. Alors que les dépenses totales avec les médicaments sans ordonnance, c’est 53 milliards."