Masques "antipollution" : pas assez de données attestant de leur intérêt, assure l'Anses

En conditions réelles, l'efficacité des masques antipollution n'est pas prouvée
En conditions réelles, l'efficacité des masques antipollution n'est pas prouvée © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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avec AFP et Mélanie Gomez , modifié à
L'Anses conclut que les données disponibles concernant les masques antipollution ne sont pas suffisantes pour attester de leur efficacité. L'Agence nationale de sécurité sanitaire ne recommande donc pas aux autorités d'encourager leur utilisation.

Les données disponibles sont insuffisantes pour attester d'un bénéfice sanitaire des masques "antipollution", estime un rapport de l'Anses, ajoutant qu'elle ne peut de ce fait recommander leur utilisation.

Devant l'enjeu de santé publique représenté par la pollution de l'air, "la question de l'intérêt de recommander à la population le port d'équipements de protection individuelle (EPI) est régulièrement posée", rappelle dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité sanitaire, saisie fin 2015 par les ministères de la Santé et du Travail.

Des données insuffisantes concernant l'efficacité en conditions réelles. Mais, selon l'Agence, "l'expertise a révélé l'insuffisance de données disponibles attestant d'un bénéfice pour la santé" des masques, "notamment en conditions réelles d'utilisation". "Si l'efficacité d'un masque testé en laboratoire peut s'avérer élevée, elle ne reflète pas pour autant l'efficacité en conditions réelles d'utilisation", souligne le rapport de 150 pages.

"Si on décide de porter un masque, il ne faut pas le faire à la légère", explique Guillaume Boulanger de l'Anses au micro d'Europe 1 mercredi. "Cela implique d'être formé, d'être rasé, de bien tester s'il est ajusté au visage, s'il est bien entretenu etc. Parce qu'un masque fonctionne s'il est lavé régulièrement, s'il est changé. Or le grand public n'est pas informé pour entretenir correctement ce masque."

Des maques inutiles pour les sportifs. Par ailleurs, pour la pratique d'une activité physique en extérieur comme le vélo, ces masques sont inutiles car ils vont bouger pendant l'utilisation, ce qui va diminuer leur étanchéité. Mieux vaut donc éviter les grands axes routiers les plus pollués.

Des masques qui ne protègent que des particules. En outre, la plupart des masques "antipollution" sur le marché français sont conçus pour protéger des particules, mais pas des substances à l'état gazeux, ajoute l'Anses, qui a exclu de son analyse les masques chirurgicaux et les masques complets couvrant aussi yeux et menton.

Pas de recommandation pour le port de masques. Par ailleurs, le port de ce type d'équipement "peut donner un faux sentiment de protection à son utilisateur et entraîner des comportements conduisant éventuellement à une surexposition aux polluants", met en garde l'Agence, qui pour toutes ces raisons "ne recommande pas aux pouvoirs publics d'encourager le port de tels dispositifs".

Pour une meilleure information. Pour réduire les impacts sanitaires de la pollution atmosphérique, "l'Agence rappelle l'importance d'agir en priorité à la source, en limitant les émissions de polluants. En complément, elle recommande une meilleure information de la population, en particulier des personnes sensibles, sur les comportements à adopter pour limiter l'exposition quotidienne", selon le communiqué. L'Agence demande aussi aux pouvoirs publics d'assurer l'information des voyageurs et expatriés dans certaines régions du monde où la pollution de l'air est élevée.

Une réflexion à engager pour les professionnels. Enfin, concernant les travailleurs particulièrement exposés, elle préconise de "développer des outils de prévention à destination des employeurs" et d'initier une réflexion sur la pertinence d'établir des valeurs limites d'exposition professionnelle. Selon l'agence Santé Publique France, la pollution aux particules entraîne à elle seule 48.000 morts prématurées dans l'Hexagone.