Martin Blachier était l'invité de Sonia Mabrouk, jeudi matin sur Europe 1. 4:46
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Margaux Lannuzel , modifié à
Invité de la matinale d'Europe 1, jeudi, l'épidémiologiste Martin Blachier a estimé que le débat de ces dernières semaines autour de la possibilité d'un confinement strict face à l'épidémie de Covid-19 était "une impasse", dénonçant les propos de médecins parfois "de mauvaise foi". 
INTERVIEW

Des restrictions "relativement intelligentes", qui doivent désormais "être respectées". C'est ainsi que l'épidémiologiste Martin Blachier a commenté les nouvelles mesures annoncées par Emmanuel Macron pour freiner la progression de l'épidémie de Covid-19, jeudi matin sur Europe 1. Estimant que la solution de règles étendues à tout le territoire permettait de sortir de "l'impasse" du débat sur un nouveau confinement strict, le spécialiste s'est félicité du fait que le chef de l'Etat n'ait pas cédé à ce qu'il considère comme des "pressions" de certains médecins. 

Des médecins "enfermés dans leur propre champ" ou "de mauvaise foi"

"Ce qu'il faut, c'est aller au maximum de ce qu'on peut, et on y est quasiment" avec ces nouvelles mesures, estime Martin Blachier. Des mesures qui "commencent à infléchir sur les passages aux urgences, sur les hospitalisations après passage aux urgences, et même sur le taux de positivité" en Île-de-France, affirme l'épidémiologiste, tranchant avec le discours de nombreux professionnels de la santé. 

Comment expliquer ce décalage ? "Les gens qui demandent un reconfinement strict, soit ils sont trop enfermés dans leur propre champ, c'est-à-dire qu'ils ne se rendent pas compte qu'il y a une vie en dehors du service médical dans lequel ils sont, soit ils sont de mauvaise foi." 

L'AP-HP, une "organisation structurée" pour "mettre la pression"

À cet égard, l'épidémiologiste évoque notamment un "phénomène AP-HP [Assistance publique - Hôpitaux de Paris, ndlr]", une structure dont le directeur général, Martin Hirsch, fait l'objet de critiques de la part de la majorité. "Si je faisais un test statistique pour voir le discours des médecins AP-HP et le discours des autres médecins, il y aurait une différence qui serait significative. Elle est due au fait que l'AP-HP est une organisation structurée, avec un discours commun et une capacité à décider ensemble de mettre la pression. Et évidemment que Martin Hirsch n'est pas en dehors de ce stratagème."

Face à ces "pressions" qu'il dénonce, Martin Blachier affirme "essayer de rester dans la réalité". "La plupart des gens que j'ai contactés me disent qu'il y a un amalgame qui a été fait entre la déprogrammation [des opérations, ndlr] et le tri [des patients à l'hôpital, ndlr], et je pense qu'il a été fait à dessein." Toujours, selon l'épidémiologiste, dans le but de faire pencher la balance pour un reconfinement strict, qu'il juge "impossible en France" aujourd'hui, "même si les services de réanimation étaient pleins à craquer".