Boris se demande pourquoi on ne parle jamais de nos rapports sexuels en famille. 4:34
  • Copié
Catherine Blanc , modifié à
Lundi, dans "Sans rendez-vous", la sexologue Catherine Blanc a répondu à la question de Boris, qui s'est rendu compte qu'il parlait toujours de sexe avec ses amis mais jamais avec sa famille ou ses collègues.

Boris a 38 ans et il lui arrive fréquemment de parler de ses relations sexuelles à ses amis. Moins avec sa famille ou ses collègues. Il se demande donc pourquoi on ne parle que de nos histoires entre amis ? Dans Sans rendez-vous, la sexologue Catherine Blanc compare l'expérience des femmes face aux hommes à ce sujet et explique pourquoi le tabou est vite arrivé.

La question de Boris, 38 ans

Je me suis rendu compte que je parlais toujours de sexe avec mes potes mais jamais avec ma famille ou mes collègues. Pourquoi on ne parle que de nos histoires sexuelles entre amis ?

La réponse de Catherine Blanc

"De fait, parler de sexualité en famille c’est mêler des choses fantasmatiques. Dès qu’on en parle il y a quelque chose de croustillant. On n’a pas envie forcément d’émoustiller sa famille, pas plus sa fratrie que ses parents. On n’a pas envie non plus de connaître leur point de vue, ni d’ailleurs de chercher leur accord. Donc, il y a quelque chose d’un peu enfantin de vouloir absolument partager sa vie sexuelle avec sa famille. C’est comme vouloir chercher un crédit, une approbation, mais c’est en fait psychiquement beaucoup plus encombrant qu’autre chose. Donc c’est plutôt bien que Boris n’aille pas dans ce sens. Ça ne veut pas dire que l’on ne peut pas le faire, mais c’est assez normal que l’on en ait pas le souhait.

Est-ce plutôt étonnant que ce soit un garçon qui pose cette question. Ce sont plutôt les filles qui parlent de sexualité entre copines ?

C’est potentiellement un sujet pour tout le monde et en même temps pour personne. Toutes les femmes ne parlent pas de leur sexualité, tout comme les hommes. Ces derniers ne sont pas pour autant tous silencieux sur leur sexualité. Tout dépend de l’intimité que l’on a avec ses amis. Tout dépend aussi de sa vie sexuelle. Si l’on est exhibitionniste ou non, selon nos pratiques sexuelles, l’expérience que l’on a, on va parler ou non pour avoir des appuis et essayer de frayer son chemin tranquillement.

Est-ce que les femmes ne vont pas un peu plus loin que les hommes dans les détails ?

Les femmes rentrent plus dans les détails de la mécanique. Elles parlent davantage de leur beauté, en parlant des rides, des poils, par exemple. Elles parlent avec plus de facilité, ce que les hommes ne font pas. Assez naturellement, sur ce ton un peu badin, elles vont se demander si ça fait mal ou non, si ça leur plaît ou non, ce que fait leur partenaire. Parce que les femmes s’ouvrent plus sur leurs émotions, leurs sentiments, leurs désapprobations. Alors que les hommes sont beaucoup plus secrets sur leurs émotions, ce qui les a blessés, heurtés, notamment. Ils veulent moins partager à moins de vouloir faire les coqs entre eux. Pendant très longtemps il y avait beaucoup plus de femmes qui allaient se confier à des psys, par rapport aux hommes qui, tant qu’ils étaient efficaces dans leur vie, n’avaient pas matière à se raconter.

Où est-ce que l’on doit mettre la limite lorsque l’on parle de sa vie sexuelle à ses proches ?

Exhiber sa vie c’est aussi porter à l’autre son intimité et ce n’est pas simple. C’est peut-être une sauvegarde à laquelle les hommes veillent lorsque les femmes, elles, se livrent avec une sororité très forte, jusqu’au moment où elles le regrettent parce que les copines ont un poids de pression.

Quitte à vouloir se livrer autant en parler à la personne concernée, plus qu’à ses amis finalement ?

Vous avez raison. Mais c’est souvent difficile de parler de ses émotions à l’autre. Parce que l’on ne sait jamais comment ça va être accueilli et de finalement perdre son amour."