LA QUESTION SEXO - Mon ex est aussi mon voisin, comment gérer cette proximité ?

  • Copié
Catherine Blanc
Croiser son ex tous les jours peut rendre plus difficile le deuil de la relation, comme pour Tiana, qui a été en couple pendant quelques mois avec son voisin. La psychanalyste et sexologue Catherine Blanc la met en garde vendredi dans l’émission Sans Rendez-Vous.

Comment passer à autre chose quand on côtoie tous les jours l'être aimé ? Tiana croise tous les jours son ex, qui est aussi son voisin de palier, et cela la fait souffrir. Vendredi, dans Sans Rendez-vous, sur Europe 1, la sexologue Catherine Blanc lui conseille de questionner cette réflexion, qui semble selon elle indiquer un comportement obsessionnel. 

La question de Tiana

"J'ai eu une relation de plusieurs mois avec mon voisin de pallier, malheureusement, il m'a quitté il y un an et j'en souffre toujours. Je le croise encore tous les jours, parfois accompagné, et ça fait mal, mais j'adore mon appartement et ne souhaite pas l'abandonner. Que me conseillez-vous ?"

La réponse de Catherine Blanc 

"La situation serait la même avec des meilleurs amis ou la fratrie de ces derniers. Avec les gens dont nous sommes proches, il y a un risque majeur parce que si l'histoire ne va pas jusqu'à son terme, la vie ne s'arrête pas, les maisons ne se déplacent pas et les amitiés ne s'abandonnent pas. Est-ce qu'il faut déménager ? Non, mais là n'est pas la question. Certes, elle peut aimer énormément son appartement, mais il est curieux d'aimer autant un appartement mitoyen à celui de la personne qu'on aime, à qui on montre au quotidien sa souffrance quand lui exhibe son bonheur.

Elle n'ose peut être pas prendre son envol. Cela pose des questions sur ce qui, dans l'histoire d'amour, entretient des liens de soumission à la toute-puissance de l'autre. Au-delà de cette relation se pose la question de comment elle tisse des liens avec les autres. 

Le fait de revoir la personne empêche-t-il de panser les plaies, même après un an ?

On peut rester très obsédé par l'autre parce qu'on a projeté beaucoup de choses. Ce n'est pas parce qu'on est quitté, qu'on est blessé plus ou moins fortement, que les choses finissent par rentrer dans l'ordre. Ce sont toujours ceux qui ne sont pas quittés qui déclarent : 'Un de perdu, dix de retrouvés.' C'est plus complexe car on investit beaucoup de choses dans l'autre. Il faut s'interroger sur les raisons qui font qu'on investit, à ce point, le désamour.

C'est normal de s'investir dans une relation et qu'on ait du mal à renoncer à un projet complètement idéalisé. Mais quand l'autre exhibe d'autres compagnes, avec une sorte de sadisme, ou qu'elle surveille toutes les personnes qui vont et viennent, il s'agit vraiment d'un non renoncement à celui qui trahit, qui en aime d'autres. Cela peut renvoyer à des histoires personnelles de sa vie d'enfant, avec l'idée qu'elle est celle qui est mise de côté, qui s'agrippe alors qu'elle doit se détacher, parce qu'une maman ou un papa est occupé ailleurs.

Peut-elle lui demander de déménager ? 

Lui, il a aimé une femme, il l'a quitté, point. Il ne l'a d'ailleurs peut-être pas fait de manière inélégante. Il se permet de vivre alors qu'elle se l'interdit parce qu'elle reste fixée. C'est un travail intérieur. On doit faire avec les évènements, on ne quitte pas les lieux où il nous arrive des choses, les emplois où on a vécu des déconvenues et on ne quitte pas un appartement parce qu'il y a un voisin ou une voisine qu'on a aimé.

On continue à vivre et on se met en paix, parce qu'on vaut quelque chose. En restant obsessionnel sur une histoire qui ne pourra pas aboutir sur autre chose que lui faire plus de mal, c'est elle qu'elle abime, qui ternit sa propre image."