LA QUESTION SEXO - J'ai des pensées parasites qui me bloquent pendant l'amour, que faire ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1, Catherine Blanc, sexologue, répond à une auditrice qui ne sait pas comment se débarrasser des pensées parasites qui la bloquent souvent lors de ses rapports sexuels. 

En plein rapport sexuel, des pensées soudaines et parasites bloquent parfois toute envie. Liliane, par exemple, imagine le regard de ses parents à cet instant. Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychiatre Catherine Blanc explique d'où viennent ces pensées et comment s'en débarrasser. 

La question de Liliane

"Alors que je suis entrain de faire l’amour, il m’arrive souvent d’être perturbée par des pensées parasites, qui me bloquent complètement, tel le regard sur moi d’un parent. Que se passe-t-il ? Comment y échapper ?"

La réponse de Catherine Blanc

Les pensées parasites qui surgissent pendant l'amour peuvent être de plusieurs sortes. On peut premièrement penser à autre chose, être rattrapé par ses soucis du quotidien, comme faire sa liste de course. Là Liliane évoque un second cas. Pendant nos rapports sexuels, nous convoquons une somme de fantasmes, de façon tout à fait inconsciente, puisque notre sexualité représente des désirs de relations de pouvoir, dominant ou dominé, des excitations liées à ces positions… Evidemment, cela rappelle toutes nos constructions, nos liens avec nos parents, dans le regard que l’on a posé sur la relation du père et de la mère, ou de leur regard sur nous, ou de notre regard sur eux.

Quand nous faisons l’amour, comme ce sont nos fantasmes qui sont à l’œuvre, de manière tout à fait inconsciente, il arrive que certains de ces fantasmes remontent au niveau de la conscience, avec parfois les interdits liés à ces fantasmes.

On peut avoir ces fantasmes même si on a une sexualité tout à fait conventionnelle, avec son conjoint ou sa conjointe ?

Oui absolument. Ce n’est pas parce que je suis adulte et que je suis entrain de faire l’amour – donc a priori tout à fait légitime à être dans cette position – que je ne me vis pas du point de vue de l’enfant qui a des pensées sexuelles. Du coup, c’est l’enfant qui convoque la relation aux parents. Je pense par exemple à une patiente qui faisait l’amour le plus simplement du monde et qui tout d’un coup imaginait systématiquement la porte s’ouvrir et ses parents entrer, comme si elle était adolescente, prise en flagrant délit de faire l’amour pour la première fois.

C’était une femme très inquiète, et c’est d’ailleurs pour ça que sa sexualité était très classique. Elle avait peur de toute excentricité qui aurait pu être la révélation de son désir de femme.

Il s’agit de blocages qui remontent à l’enfance ?

Absolument. C’est souvent parce que les parents ont posé beaucoup de jugements. Dans le cas que j’évoque, il s’agissait de jugement sur sa féminité, sa manière de s’habiller. La jeune femme reste ensuite bloquée avec ces phrases. Ce n’est pas lié à l’homme, à la façon qu’il aurait de faire l’amour ou à ce qui se joue entre l’un et l’autre. C’est vraiment une histoire très personnelle, une anxiété qui remonte à la surface. Mais ça aurait pu se jouer dans la façon de s’habiller, dans la façon de se mouvoir dans la rue. Pour se sortir de là, il faut bien comprendre les origines de ces interdits qu’elle réactualise, avant de pouvoir s’en libérer.