L'éjaculation masculine est parfois incontrôlée pendant le sommeil. 5:00
  • Copié
Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1, Catherine Blanc répond à un auditeur qui constate que ses rêves érotiques s'accompagnent parfois d'une éjaculation incontrôlée. Pour la sexologue et psychiatre, ce phénomène ne doit pas être une source d'inquiétudes, mais relève plutôt d'une difficulté à "s'approprier son corps et sa sexualité".

L'éjaculation masculine n'est pas seulement du ressort de la masturbation ou du rapport sexuel. Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychiatre Catherine Blanc répond à la question d'un auditeur qui se demande pourquoi il lui arrive d'éjaculer en pleine nuit, au moment d'un rêve érotique, alors qu'il est seul dans son lit.

La question d'Alexis

"Depuis quelques temps, il m'arrive d'avoir des éjaculations nocturnes. Cela arrive toujours pendant un rêve érotique, comment l'expliquer ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Evidemment, ce sont des choses qui arrivent, principalement chez les jeunes mais aussi chez les adultes. De toute façon, un homme, dans sa nuit, connaît des moments d'érection assez importants, qui correspondent à un relâchement musculaire. Des petits muscles présents dans les vaisseaux permettent une érection, car le sang va être gardé prisonnier dans la verge et cela entraîne donc une érection qui peut aller jusqu'au bout si l'homme n'est pas réveillé ou fait un rêve érotique. On croit souvent que c'est le rêve érotique qui est à l'origine de l'érection, alors que c'est souvent l'érection qui amène la fabrication du rêve érotique.

Y a-t-il un âge où ça s'arrête ?

Ce sont plutôt les ados qui sont concernés, tout simplement parce que c'est un sujet de questionnement extrêmement intense qu'ils n'arrivent pas à aboutir dans leur quotidien. Dans la nuit, leur pudeur est en berne et tout s'exprime plus fortement. Du coup, c'est là où ils connaissent leurs premières éjaculations. C'est souvent cette surprise, indépendante de leur contrôle, qu'ils vont après réitérer au travers d'une masturbation qui leur fera retrouver cette éjaculation.

Chez l'homme adulte cela arrive aussi, notamment chez les hommes qui sont en difficulté avec la sexualité. Ce refoulement très fort leur échappe.

Est-ce un problème de frustration ?

Ça peut-être par frustration de vie sexuelle, mais pas tellement parce qu'il y a abstinence. C'est une frustration dans le rapport à soi et à la sexualité. Ce n'est pas parce qu'on ne ferait pas l'amour qu'on se met à éjaculer n'importe quand. Ce n'est pas du tout ça. Ce n'est pas non plus parce que à force de ne pas faire l'amour il y aurait une réserve de spermatozoïdes qui n'attendraient qu'une chose, sortir. Ce n'est pas vrai, parce qu'ils s'éliminent automatiquement par le biais de la vessie. C'est simplement une difficulté, parfois, à s'approprier son corps et sa sexualité. C'est pour ça qu'il y a des hommes qui, dans la journée, connaissent des érections indépendamment d'un éveil érotisé par une relation, allant parfois même jusqu'à une éjaculation. Cela a plutôt tendance à les inquiéter parce qu'ils ont le sentiment de perdre la maîtrise d'eux-mêmes.

Faut-il s'en inquiéter ?

S'inquiéter non. Simplement, cela pose la question de quelle est la sexualité par ailleurs. Ce n'est pas du tout problématique d'avoir un corps qui se met en route et qui "checke" que tout va bien avec une érection qui se fait et qui va jusqu'à l’éjaculation, peut-être d'ailleurs en lien avec un rêve érotique.

Y a-t-il des situations comparables chez les femmes ?

Que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, il peut y avoir ce type de phénomène nocturne sans masturbation. C'est vraiment parce qu'il y a un rêve érotique qui raconte une histoire dans la tête, avec des corps qui se touchent, que cela amène à une éjaculation ou à un orgasme féminin. Et ce n'est pas du tout un problème. Ce qui est un problème, c'est à partir du moment où il y a un décalage total entre la tranquillité et la sérénité que nous avons dans notre vie érotique, notre façon de faire l'amour, notre liberté de le faire, notre capacité de le refouler si ce n'est pas le moment, et des moments où la personne a le sentiment que son corps réagit tout seul et l'oblige à vivre des choses que pour telle ou telle raison, de culpabilité, d'interdit, on ne peut pas vivre dans son quotidien. C'est ce décalage, ce sentiment de culpabilité par rapport au sexuel qui émerge envers et contre tout qui est perçu comme une source d'anxiété."