Comment réagir en tant que parent lorsque son ado connaît un chagrin d'amour ? (photo d'illustration). 4:50
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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" lundi, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc a donné ses conseils à Sonia, une auditrice qui souhaiterait consoler sa fille de 16 ans attristée par une peine de cœur. 

Comment trouver les mots quand son ado connaît une peine de cœur ? Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc a répondu lundi à Sonia, 44 ans, une auditrice inquiète par le chagrin de sa fille, après une première rupture amoureuse

La question de Sonia

"Ma fille de 16 ans a eu sa première peine de cœur dernièrement. Elle était avec son petit copain depuis cinq mois. À mes yeux, ce n'est pas bien méchant. Cela me rappelle même des souvenirs. Pourtant, elle semble très affectée. Je ne sais pas comment réagir." 

La réponse de Catherine Blanc 

"Bien sûr que ces chagrins d'amour font mal quand on est adolescent. Car on se lance dans une histoire d'amour avec une idée d'absolu. Il faut une énergie incroyable pour passer de : 'Je suis le bébé de mes parents' à 'Je vais aimer ailleurs et je vais le témoigner en embrassant ou en faisant l'amour par exemple'. C'est un passage à l'acte qui demande énormément d'énergie et qui se solde par une fin. On a donc le sentiment d'avoir été trahi. Et c'est encore plus présent pour les femmes : elles ont le sentiment de don de soi, en donnant sa virginité et leur pudeur.

C'est toujours douloureux de se prendre une veste. Tout d'un coup, il y a quelque chose de l'ordre de l'amour avec un grand A éternel, qui se brise. Cela laisse à penser qu'à partir de maintenant, on va consommer pour consommer ou ne plus donner son amour. Mais heureusement, ces grandes résolutions ne tiennent pas pendant longtemps."

Est-ce que les parents doivent s'en mêler ? 

"Du point de vue des parents, c'est toujours moins grave que du point de vue de l'enfant, à moins de réussir à se souvenir de sa propre enfance. En tant que parent, on espère finalement que ces relations ne vont pas perdurer parce que lorsqu'elles ont démarré aussi jeune, il va falloir énormément d'énergie pour alimenter la relation et ne pas la laisser enfantine. C'est plutôt heureux quand les histoires s'arrêtent.

C'est aussi heureux – c'est ce qu'il faut pouvoir dire à son enfant – de découvrir que l'on fait l'expérience du désamour. Cela va permettre de savoir que l'on n'a pas besoin d'aimer ou d'être aimé pour grandir. Il faut donc dire à son enfant qu'il aimera à nouveau et que son émancipation n'est pas dépendante de cet amour de l'autre. Le parent peut donc s'en mêler pour accompagner mais pas pour satisfaire une curiosité déplacée."

Faut-il s'inquiéter ? 

"Il ne faut pas en faire des tonnes. Évidemment que le chagrin d'amour est douloureux mais connaître la douleur est aussi une expérience merveilleuse. Cette occasion est utile pour découvrir l'aptitude à dépasser la douleur, la frustration, reconquérir le monde. Ce n'est pas 'dix de retrouvées' mais autant de possibles devant soi et notamment de possibles pour rectifier ce que l'on n'a pas compris."