De nombreux couples ont été séparés pendant le confinement. Photo d'illustration. 5:03
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Catherine Blanc
Après deux mois de confinement, Raphaëlle redoute les retrouvailles avec son amant, qu'elle doit revoir ce week-end, et s'inquiète notamment d'avoir perdu la complicité qui les reliait. Dans "Sans rendez-vous", la sexologue Catherine Blanc est revenue sur cette angoisse, et estime qu'il est normal qu'un couple ait besoin de temps pour se redécouvrir. 

Contrairement aux couples mariés ou confinés dans le même appartement, des milliers de Français ont été séparés pendant huit semaines de leur partenaire, en raison de l'épidémie de coronavirus. Et si les applications de messagerie ont évidemment permis de garder contact, les retrouvailles physiques après une si longue séparation peuvent s'avérer angoissantes, avec la peur que ces deux mois aient pu entamer la force de la relation. Cette appréhension est vécue par Raphaëlle, qui redoute d'avoir perdu la complicité qui la liait à son amant. Mardi, dans Sans rendez-vous, la sexologue Catherine Blanc lui a notamment conseillé de prendre son temps.

La question de Raphaëlle 

Après deux mois d’éloignement, je m'apprête à revoir mon amant ce week-end. Mais j'appréhende. Allons-nous être aussi complices qu'avant ? 

La réponse de Catherine Blanc 

"Cette appréhension rend compte de l'interrogation de Raphaëlle quant au besoin qu'elle aurait de l'autre. Pendant deux mois, elle a vu qu'elle a pu faire sans cette relation, et que tout à coup, il va falloir retrouver son partenaire, comme si la relation ne tenait qu'à cette notion de besoin et de complémentarité nécessaire pour son équilibre à elle. Or, elle a trouvé son équilibre pendant deux mois, ce qui lui fait supposer que la complicité et la nécessité n'existeraient plus. 

Pourtant, une relation ne peut se résumer à une histoire de besoin. La relation s'établit, s'enrichit, et chacun s'alimente de ce que l'autre est spécifiquement, de ce qu'il s'est passé pour chacun pendant ce temps de confinement, de ce qu'ils ont à s'apporter de nouveau. Il ne s'agit pas de vivre seulement sur le passé de cette complémentarité. Il y a tout à créer.

"Il faut un temps pour se redécouvrir"

Bien sûr que nous vivons une situation stressante. Cette spontanéité et cette liberté dans la relation sont à recréer, et il faut le faire avec la peur du virus, l'injonction de toutes les sécurités à mettre en place, etc. Cela vient un peu chambouler les relations. Et puis, pendant le confinement, on s'est plusieurs fois demandé : "Est-ce que l'autre pense toujours à moi ? Est-ce que j'ai toujours pensé à l'autre ? Est-il vraiment nécessaire ?"

Maintenant que le confinement est terminé, il va falloir créer une nouvelle relation, faire preuve d'imaginaire, avancer pas à pas dans le lien à l'autre. Par ailleurs, peut-être que les nécessités de distanciation, dans un premier temps, donneront l'excuse du temps qu'il nous faut pour nous ré-apprivoiser. Ce n'est pas parce qu'on a été amants qu'il faut forcément se ressauter dessus tout de suite. Il faut un temps pour se redécouvrir, redécouvrir le corps de l'autre, son odeur, sa peau. 

Cela peut-être joli. Il va y avoir des pudeurs à rebousculer, des conquêtes à faire. C'est ce qui fait l'élan des relations."