Couple sexe acte sexuel lit 5:01
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Catherine Blanc
Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Mégane. L'auditrice se demande s'il est possible de ressentir une sensation de "première fois" lors d'un rapport sexuel, après une longue période d'abstinence. Pour la spécialiste, cette inquiétude est un fantasme à déconstruire. 

Après une longue période d'abstinence, difficile parfois d'envisager de nouvelles relations sexuelles sereinement. C'est le cas de Mégane qui n'a pas fait l'amour depuis deux ans. Elle craint de revivre une "première fois" lors de son prochain acte sexuel. Dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc, souhaite rassurer l'auditrice. L'idée d'une première fois douloureuse au sens physiologique du terme est un fantasme, car le corps est "fait pour cela". De plus, les "premières fois" avec un nouveau partenaire peuvent s'avérer être une occasion de redécouvrir des sensations plaisantes. 

La question de Mégane

"Cela fait deux ans que je suis célibataire et que je n'ai pas fait l'amour. Lorsque je vais recoucher avec un garçon, est-ce qu'il est possible que j'ai la sensation d'une première fois ?"

La réponse de Catherine Blanc

"D'abord, il faut comprendre ce qu'elle veut dire par une première fois. A chaque relation nouvelle, c'est une première fois parce que sinon cela voudrait dire qu'on ne rencontre pas un individu et qu'on ne fait que poursuivre l'histoire créée avec un autre. A chaque relation, c'est donc une première fois. Ce sont deux corps qui s'accordent, deux corps qui arrivent avec leurs richesses et les partagent pour construire une relation.

Mais si sa question tourne autour d'une première fois au sens de la difficulté physique, physiologique qu'elle a pu rencontrer : il y a une méprise. Le sexe féminin n'est pas une cicatrice, il ne se referme pas. Il n'y a pas de défloration nouvelle. Cela peut être une inquiétude, dans le fantasme de certaines femmes. Un peu comme si on avait perdu la souplesse. L'idée d'être toute raide, toute fermée, comme si on avait arrêté de faire du sport pendant deux ans et qu'on n'y arriverait plus. Ce n'est que de l'ordre du fantasme. Le corps est de toute façon fait pour cela. Ce ne sont que nos inquiétudes, nos frilosités personnelles, nos inhibitions qui viennent raidir nos corps et nos élans physiques, mais pas du tout le fait d'avoir arrêté pendant deux ans ou pendant dix ans.

Les sensations peuvent-elles être différentes, après deux ans d'abstinence?

C'est aussi une occasion de redécouvrir combien c'était bon et combien il est dommage de s'en être privé, bon gré, mal gré. Ce qui a été découvert, qui a été aimé, qui a fait surprise pour soi peut être à nouveau l'occasion de retrouver des repères, des évidences extrêmement émouvantes et qui vont plutôt dans le sens du plaisir de retrouver une nouvelle première fois.

Est-ce qu'il vaut mieux y aller doucement ?

Je ne sais pas vraiment sur quel point il faudrait qu'elle y aille tout doucement. Si la crainte est d'avoir mal, parce qu'elle a peut-être un passif douloureux sur le sujet, il ne faut pas la négliger. Peut-être souffre-t-elle de vaginisme historiquement et qu'elle craint de devoir refaire le chemin d'une ouverture difficile ? Auquel cas, il vaut mieux consulter. Sinon, qu'elle se rassure, il va sans dire qu'elle retrouvera très naturellement le chemin de l'amour.

Est-ce qu'il vaut mieux en parler à son prochain partenaire sexuel ?

Je pense que c'est à chacun de décider ce qu'il en est, en fonction de sa personnalité. Il y a des gens qui se répandent volontiers sur leurs difficultés pour être accompagnés paisiblement, tout en bienveillance par leurs partenaires. Mais du coup, ils se mettent aussi dans un cadre où ils sont "à soigner", en quelque sorte. D'autres préfèrent ne pas le dire. 

Ce n'est peut-être pas par hasard s'il n'y a pas non plus de partenaires. Si j'ai eu l'idée que ma sexualité était douloureuse et que j'ai l'impression que, parce que ça fait longtemps que je n'ai pas fait l'amour, ça risque d'être douloureux, peut-être qu'on peut supposer qu'il y ait quand même quelque chose qui, ne serait-ce qu'inconsciemment, m'a fait mettre à l'écart les relations parce que peut-être que je les crains ? Et là, je vous conseille plutôt la consultation."