LA QUESTION PSYCHO - Comment éviter que le confinement à deux ne vire au divorce ?

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Catherine Blanc
Au micro de Mélanie Gomez, dans Sans Rendez-vous sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc livre quelques conseils pour aider les couples à passer la période de confinement sans prise de bec.

La vie en quarantaine, imposée depuis mardi pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, peut aussi avoir de lourdes répercussions sur sa vie de couple. D'ordinaire, la vie à deux n’existe que pour une poignée d’heures par jour : on se voit brièvement le matin, avant d’aller au travail, puis le soir, une fois la journée terminée. Passer 24 heures avec l’autre, pour au moins une quinzaine de jours, avec des possibilités de sortie très limitées, peut chambouler nombre de nos repères conjugaux. Au micro de Mélanie Gomez, dans Sans Rendez-vous sur Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc explique comment faire pour éviter que ce confinement ne tourne au divorce.

Les conseils de Catherine Blanc

"Le confinement oblige à sortir de l’illusion de ce qu’est l’autre quand on est absent et qu’on va le ou la retrouver. Là, on est dans un partage de territoire, et l’on réalise aussi que ce partage de territoire est une lutte de pouvoir. Tous les couples y sont contraints. Plus que jamais quand on se retrouve ensemble, avec des fonctions et des espaces à gérer.

Faut-il éviter les tensions ou les laisser éclater comme des moments de vérité ?

Dans les temps d’épreuve, il y a beaucoup d’anxiété que nous projetons les uns sur les autres à travers des cris et une exaspération qui monte inévitablement. C’est aussi un moment d’union, ou l’on réalise la chance que c’est d’être à plusieurs, la chance que c’est d’avoir construit des choses, de pouvoir se regrouper et d’être parent. En couple, on peut s’appuyer les uns sur les autres, à condition, bien sûr, de s’offrir des espaces de liberté les uns les autres.

Doit-on s’isoler de temps en temps pour préserver la vie à deux ?

L’isolement n’est pas que géographique, il consiste aussi à se concentrer sur une activité en veillant à ce qu’elle ne déborde pas sur celle de l’autre, comme la télévision regardée avec le volume à fond, et qui empêche l’autre de lire. Il faut pouvoir avoir des moments de silence, de recueillement intérieur, sans être obligé de se séparer, surtout si le nombre de mètres carrés est limité.

Ce confinement peut-il avoir un impact sur la sexualité ?

Cela dépend de la manière dont on est structuré et dont on gère nos angoisses. Il y a ceux qui ont une urgence de vivre, tel qu’on peut la connaître en temps de guerre, avec ce besoin de s’aimer avant qu’il ne soit trop tard.

D’autres, au contraire, sont tellement dans l’anxiété de la contamination qu’il ne peuvent même pas imaginer des mélanges, et notamment des mélanges de substances, quand bien même ils sont à l’abri les uns avec les autres. Dans ce cas, il risque d’y avoir un recul de la sexualité, sans qu’il y ait matière à s’en inquiéter. Il faut se dire que l’on fait le dos rond, seulement pour le temps de cette quarantaine."